Courrier des lecteurs

Le Pr Raoult victime de l'Inquisition

Publié le 08/12/2020

Je suis atterré par le tour que prennent les événements pro ou anti Hydroxy-chloroquine. Depuis des mois, la bataille fait rage entre le Pr Raoult et d’autres médecins, qui lui sont proches, non pas par la pensée, mais par l’exercice de leur spécialité. Combattre pour faire valoir son point de vue est très salutaire pour échanger et progresser.

Que l’on attaque bassement un médecin universitaire reconnu, et peut-être nobélisable, me heurte au plus haut point. Ses opposants affirmaient jusque-là que son traitement était inefficace, tant en préventif qu’en curatif. Mais les études menées à charge font rarement la part des choses. La prévention est difficile à évaluer mais nous allons y revenir. Quant à la guérison, si elle est obtenue, il est compliqué de savoir si c’est la bonne nature du patient ou une molécule efficace.

La deuxième attaque qu’on lui portait affirmait que l’hydroxychloroquine est dangereuse à certaines doses pour certains patients malades du cœur. Mais que penser alors des dizaines de millions de traitements qui ont déjà été administrés de par le monde à des dizaines de millions de patients, pour les protéger du paludisme ou de certaines maladies rhumatismales ?

J’ai assisté sur BFM TV à une troisième attaque faite par un illustre inconnu. C’était honteux, méchant, plein de rancune et de bile ravalée. Cet inconnu parlait de « son » médicament, comme si l’accusé avait eu quelque chose à voir avec la création de cette molécule très ancienne… Il l’accusait de charlatanisme. La plainte a été déposée auprès du Conseil de l’Ordre des Médecins. Pour ceux qui ne connaissent pas le sens de ce terme, il s’agit de l’exercice illégal de la médecine par un charlatan qui n’a pas de diplôme et use de sa magie pour tromper son monde et s’enrichir… L’usage d’un tel qualificatif salit la bouche de celui qui le prononce à mauvais escient à l’égard d’un universitaire dévoué à son art. Mais l’accusation entache l’accusé qui, je n’en doute pas, saura se défendre devant une juridiction compétente.

L'hydroxychloroquine, largement utilisée en Afrique

Et si l’on considère, d’autre part, le mystère du continent Africain qui, malgré un sous-équipement hospitalier, n’a pas vu apparaître ni de première ni de deuxième vague - et ce sans avoir pu utiliser les masques qui ont réduit la pandémie asiatique - on pourrait peut-être se poser une autre question. Car ce continent est le seul sur lequel l’hydroxychloroquine est largement utilisée, en prévention et en traitement de fond du paludisme. Ne pourrait-on déceler là une activité de prévention et de protection de cette molécule contre le Covid ?

Pour essayer de trancher le débat, à la mi-avril j’avais publié, dans Le Quotidien du Médecin et le Courrier des Chirurgiens Orthopédistes, un article qui demandait que l’on examinât deux populations françaises, celle des rhumatisants prenant ce médicament en permanence, et l’autre c’est-à-dire tous les autres qui n’en prennent pas. Une analyse statistique aurait pu établir ou non l’efficacité de la prévention de ce médicament sur le Covid.

Et là, avec l’Afrique qui résiste, plutôt que d’invectiver un grand spécialiste, on pourrait peut-être se poser la question de l’efficacité à grande échelle de l’effet protecteur dudit médicament. Alors, ne laissons pas les inquisiteurs sûrs de leur fait, juger, calomnier, condamner. L’avenir ne les consacrera pas mais plus certainement leur rival.

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Dr Gilles Voydeville Orthopédiste, Vandoeuvre-les-Nancy (54)

Source : Le Quotidien du médecin