Doubler les maisons de santé, créer des assistants médicaux

Publié le 25/03/2022
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En 2017 déjà, la lutte contre les déserts médicaux se voulait une proposition phare du candidat Macron. Pour répondre aux « attentes nouvelles » des professionnels de santé et « favoriser leur installation dans les territoires sous-dotés », il promettait de « doubler » le nombre de maisons pluridisciplinaires de santé et de « renforcer la coordination des soins » pour améliorer les parcours des patients.

La réforme « Ma santé 2022 » est lancée en septembre 2018, en grande pompe à l'Élysée. Les ambitions en ville sont précisées : outre un maillage complet des soins avec 1 000 CPTS promises d'ici à 2022, Emmanuel Macron y ajoute au moins « 4 000 assistants médicaux » pour épauler les praticiens libéraux, avec aide financière de l'État. Agnès Buzyn est aux manettes et Nicolas Revel se charge des négociations conventionnelles avec la profession. Elles aboutiront, de fait, à la signature d'un avenant en juin 2019 sur le déploiement des assistants, puis d'un accord conventionnel interpro (ACI) sur les CPTS en 2020, révisé en 2021.

À l'heure des comptes, ces réformes emblématiques restent au milieu du gué. Certes, le nombre de maisons de santé a bien été doublé, avec 2 018 MSP à fin décembre 2021, soit « 984 de plus qu'en 2017 ». 20 % des généralistes et 30 000 professionnels y exercent. Mais cette floraison n'a pas enrayé la désertification médicale. Côté CPTS, on est loin du compte. La fédération du secteur recense à la mi-mars 712 communautés sur le territoire national mais à des stades d’avancement différents ; et seulement 234 CPTS ont signé un contrat avec la Cnam. Un tiers de la population est couverte. Enfin, alors que l'exécutif visait 4 000 postes d'assistants médicaux, il n'y avait que 2 700 contrats signés fin février, permettant toutefois à 500 000 patients de trouver un médecin traitant.

Autre promesse, « rendre le système de santé plus efficient », en privilégiant « l’expérimentation et les initiatives du terrain ». Cela s'est traduit par une mesure très macronienne dans la loi sécu 2018 – l'article 51 sur l'innovation en santé – qui permet aux acteurs du système d'expérimenter de nouvelles formes d'organisation et des financements dérogatoires. Malgré un rythme ralenti par le Covid, 103 projets ont été autorisés en quatre ans sur des thèmes variés (surpoids, santé mentale, cancer, addictions, diabète, dénutrition…), permettant d'atteindre une taille critique.

Emmanuel Macron avait aussi promis d'évaluer le tiers payant et de privilégier un tiers payant « généralisable », et non plus « généralisé », contrairement à la loi Touraine qui l'imposait pour décembre 2017 et avait braqué le corps médical. De fait, un rapport de l'Igas plus tard, le calendrier du tiers payant fut décalé à 2019… puis renvoyé aux calendes grecques avec la crise sanitaire (sauf sur les soins du 100 % santé). Enfin, le candidat Macron de 2017 voulait déjà « développer les pratiques avancées » et faire évoluer les métiers en santé. Engagement en partie honoré, avec les premières promos d'IPA depuis 2019 – dans cinq domaines – tandis que la loi Sécu pour 2022 fait évoluer les compétences de plusieurs professions paramédicales et favorise l'accès direct (aux kinés, aux orthoptistes…), parfois au grand dam de la profession médicale. 


Source : Le Quotidien du médecin