Recertification périodique

Les jeunes généralistes déjà prêts à basculer

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Publié le 01/10/2018
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Exclus de la concertation sur la recertification, menée sous la houlette du Pr Serge Uzan, les jeunes généralistes ont pris les devants. Dans un document d'une dizaine de pages, le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) se montre favorable à cette démarche qualité mais pose ses conditions. 

Le syndicat plaide pour une recertification périodique tous les 5 ans pour les médecins diplômés « à partir de 2020 » avant une extension de cette obligation à tous les praticiens exerçant en France « d'ici à 10 ans ». Dans la période transitoire, les médecins diplômés antérieurement pourraient s'engager sur la base du volontariat. « Il est important de basculer dans un système homogène, c'est une démarche d'assurance qualité pour les patients », résume le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR.

Plutôt qu'un contrôle tatillon des connaissances, le syndicat milite pour une réévaluation des compétences propres à chaque spécialité. En médecine générale, il préconise de cibler les champs définis par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) : relation et communication avec le patient, approche globale, éducation, prévention, premier recours ou encore continuité et coordination.

L'engagement du médecin dans la formation des étudiants (maîtrise de stage, tutorat), auprès de ses pairs (animateur, expert) et dans l'organisation de sa profession (mandat électif, syndical) devra aussi être valorisé.

Quant aux modalités pratiques, le syndicat juge que le développement professionnel continu (DPC) doit avoir une « place centrale » dans le processus. Mais d'autres leviers de formation (FAF-PM, groupes de pairs, congrès à comité scientifique, revues) ou actions spécifiques (agrément de maître de stage) ont toute leur place dans la procédure. « Ces dispositifs ne sont pas valorisés aujourd'hui, commente le Dr Schmitt. Ils pourraient devenir des critères de recertification reconnus par exemple dans le forfait structure ». 

Les jeunes généralistes envisagent également un bilan personnalisé de compétences pour chaque médecin lors de la phase de recertification. « L'intérêt est d'avoir une photographie et de pouvoir envisager une évolution ou nouvelle orientation de carrière », précise le Dr Schmitt. Afin de reconnaître la démarche de recertification, l'outil du portfolio électronique est plébiscité pour en consigner les éléments (compétences, parcours). Un certificat de recertification serait également établi. 

La santé du médecin, une priorité

Ce n'est pas tout. ReAGJIR souhaite que la santé des praticiens devienne une « composante obligatoire » de la démarche de recertification. Cette nouvelle « médecine du travail des médecins », indépendante des instances disciplinaires, pourrait prévoir une attestation de suivi par le médecin traitant « au minimum tous les deux ans », mais aussi une attestation d'aptitude délivrée par un médecin du travail tous les cinq ans (portant sur les aspects physiques et psychologiques). « La médecine du travail pour les libéraux n'existe pas, insiste le Dr Schmitt. On veut s'assurer que le médecin va bien ».

Le syndicat de jeunes généralistes exclut toute logique sanctionnante. « Le seul critère pouvant entraîner une suspension administrative du droit d'exercice doit être l'inaptitude médicale exprimée par le médecin du travail, souligne ReAGJIR. Cette inaptitude doit être réévaluée tous les trois mois jusqu’à ce que le motif d’inaptitude ait été résolu »

En cas de manquement aux exigences de la recertification, un « accompagnement progressif et personnalisé » (entretien confraternel, formation à réaliser dans les six mois) devra être proposé, sans interruption de l'activité.   


Source : Le Quotidien du médecin: 9690