Sans avoir assisté aux événements, les psychologues, psychiatres ou médecins généralistes ne sont pas imperméables aux récits d’horreur qu’ils peuvent entendre. « Mais il ne s’agit pas de syndrome de stress post-traumatique, indique le Pr Louis Crocq, fondateur des CUMP. Certains concepts qui circulent outre-Atlantique, comme le syndrome de stress post-traumatique secondaire ou la traumatisation vicariante, défendent qu’un thérapeute en empathie puissent s’approprier le trauma par procuration. L’École française ne partage pas ce point de vue ». En revanche, « pour écouter des patients traumatisés, la "neutralité bienveillante" habituelle en psychiatrie n’est pas adaptée, il faut être en empathie avec la personne en face, poursuit-il. L’écoutant peut manifester en revanche de la fatigue compassionnelle. »
Le Pr Thierry Baubet ne partage pas cet avis : « Certes, il ne s’agit pas syndrome psychotraumatique mais les effets peuvent aller au-delà de la fatigue compassionnelle. Quand on entend de façon répétée des récits horribles de gens au milieu ou enfouis sous des corps sans vie, certains thérapeutes peuvent manifester des états anxieux assez sévères, des insomnies, des symptômes dissociatifs, le fait de se sentir un peu bizarre. C’est complètement normal et transitoire. Il faut surtout ne pas être dans le déni et avoir conscience de ses propres limites. II leur faut arrêter de voir ce type de patients et en parler avec des psychiatres qui ont l’habitude. » Pour les médecins généralistes, qui, hormis certains d’entre eux, ne voient pas les sujets traumatisés mais un public anxieux, triste et concerné par les événements, le Pr Crocq estime : « À voir un, deux, trois ou quatre patients par jour qui ne se sentent pas bien, parfois des personnes qui ont déjà vécu un événement traumatisant par le passé, le médecin finit lui-même par ne pas avoir l’esprit bien tranquille en fin de journée. Le conseil à donner est de ne pas garder ça pour soi, de parler avec des collègues, de partager son émotion. »
Pour les médecins généralistes que les circonstances amèneraient à suivre des patients ayant vécu un événement traumatisant, le Pr Baubet tient à préciser que « si la psychothérapie est à proposer en première intention, le traitement médicamenteux du syndrome psychotraumatique repose sur les antidpéresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Il faut à tout prix éviter les benzodiazépines, qui ont des effets paradoxaux et peuvent entraîner une forte dépendance, et lui préférer l’Atarax s’il y a des troubles du sommeil ».
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique