Les Français jugent l’hôpital public

Des mauvais points derrière un fort taux de confiance

Publié le 11/05/2010
Article réservé aux abonnés

LA FÉDÉRATION hospitalière de France (FHF) rend publics les résultats de son traditionnel baromètre « Les Français et l’hôpital » réalisé tous les deux ans dans la perspective d’Hôpital Expo (manifestation qui se tient à Paris du 18 au 21 mai – voir « le Quotidien » du 6 mai). Réalisé le 7 et 8 avril par tns-sofres auprès d’un échantillon national de 1 011 personnes interrogées en face à face ou à domicile, ce sondage – le 4e du genre – « marque une importante évolution dans la perception qu’ont les Français du service public hospitalier mais aussi, en cette période de crise économique, l’expression d’une certaine insatisfaction face aux insuffisances de notre système de santé », remarque la FHF.

Dans le détail en effet, l’opinion (qui a, à 67 %, fréquenté un établissement de soins public au cours de l’année écoulée) réaffirme massivement son attachement à l’hôpital – 81 % des personnes interrogées en sont assez ou très satisfaites (16 % tout de même en sont insatisfaits). À l’institution, les Français demandent d’abord (à 56 %) d’être « accessible à tous, quel que soit son niveau de revenu ». Ce critère d’équité sociale arrive bien avant celui de la proximité géographique (retenu par 19 % des personnes sondées), celui des « délais d’attente très réduits » (mis en avant dans 9 % des cas seulement), celui du libre choix de l’établissement (7 %) et celui du « faible montant de la participation financière demandée aux malades » (7 %).

Pour le président de la FHF, Jean Leonetti, nul doute que dans l’esprit des Français, « l’hôpital public est un rempart contre les dérives liées en particulier à l’augmentation des dépassements d’honoraires dans les cliniques (où le reste à charge est déjà le triple de celui qui existe dans les hôpitaux publics) ». Cette analyse apporte de l’eau au moulin de la FHF quand elle réclame la constitution d’un « bouclier de service public » destiné à garantir à chacun, dans chaque territoire de santé, une offre de soins accessible à tous.

L’information en défaut.

Pour choisir un hôpital, les Français font massivement (à 93 %) confiance à leur médecin traitant, les classements des établissements (sur la foi desquels 37 % peuvent se déterminer) ou des sites Internet de santé (21 %) étant sensiblement à la traîne. Néanmoins, au moment d’aller dans tel ou tel établissement, 46 % seulement des sondés s’estiment suffisamment informés – 18 % se disent même « pas du tout » informés. « À nous, rebondit Gérard Vincent, le délégué général de la FHF, de démontrer que nous n’avons rien à cacher et que l’hôpital n’est pas une " boîte noire ". »

L’institution hospitalière dispose-t-elle des moyens humains et financiers de son fonctionnement ? Non, répondent les Français : pour les trois quarts d’entre eux (77 %), ces moyens sont insuffisants. Interrogés enfin sur leur taux de satisfaction par rapport à une série de missions de l’hôpital public, ce sont la qualité des soins (83 % de satisfaits) et l’accueil du patient (74 %) que les sondés plébiscitent en premier lieu – suivent la modernité des équipements (73 %), les services de chirurgie (71 %), la prise en charge de la douleur (68 %)… Immédiatement après « la prise en charge des personnes âgées » (43 % de satisfaits), « l’accompagnement des personnes en soins de vie et les soins palliatifs » constituent la mission que les Français jugent la plus mal remplie par l’hôpital public, avec un taux de satisfaction de 40 %. Un « mauvais » score qui conduit Jean Leonetti à réclamer « la mise en œuvre d’un véritable cinquième risque ».

 K. P.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8769