Récolter des témoignages, améliorer la qualité d'écoute, être plus présents… Les radiologues réfléchissent à intégrer l'expérience patient dans leur spécialité.
Ce concept anglo-saxon caractérise les interactions vécues par un patient ou par son entourage dans le parcours de soins.
En France, cette notion n'est pas encore bien assimilée. En 2019, 60 % des établissements n'ont jamais rien entrepris ou presque rien dans ce domaine. « Ceux qui avancent sur ce sujet se bornent à annoncer une stratégie », rappelle Amah Kouevi, directeur et fondateur de l'Institut français de l'expérience patient. Les actions concrètes (patient traceur, espace dédié, prestations annexes) restent rares mais existent (Hôpital Foch à Suresnes, AP-HP).
En radiologie et imagerie, le secteur imagine former les médecins volontaires à la culture de l'expérience patient par jeux de rôles. Une manière de réapprendre à écouter et faire naître de nouveaux comportements. « Parfois, des choses simples s'avèrent les plus utiles, explique Christian Saout, membre de la Haute autorité de santé (HAS), comme adopter un langage simple parce que le niveau scientifique peut apparaître inaccessible. » D'autant plus que l'arrivée de l'intelligence artificielle complexifie le principe de vulgarisation auprès du patient. En radiologie et traitement du cancer, l'INCa a déjà pointé le problème de l'annonce du diagnostic, vécu comme le pire moment dans le parcours de soins « car le niveau d'informations et de compréhension n'est pas au rendez-vous », analyse Samuel de Luze, responsable du département organisation et parcours de soins à INCa.
Médecins fantômes
Autre idée : aller plus à la rencontre du patient afin d'avoir un retour d'expérience sur l'attente, le stress, la douleur, la compréhension ou l'empathie. Si les radiologues partagent des moments privilégiés lors d'échographies, ce n'est pas du tout le cas en imagerie médicale (IRM et scanner) où ils sont quasi-invisibles. « L'organisation du service et le manque de temps font que les radiologues sont des fantômes pour les patients », rapporte le Pr Laurence Rocher, chef de service en radiologie à Antoine-Béclère (AP-HP, Clamart).
Il faut maintenant motiver la profession, débordée, mais aussi les patients… Car selon France asso santé, le travail ne manque pas. « Les patients ont d'autres priorités comme l'accès aux médicaments en radiologie ou en oncologie », analyse Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de l'association d'usagers. En revanche, les industriels, eux, ont bien compris l'enjeu. « Ils se sont interrogés sur le parcours patient en radiologie, reprend Amah Kouevi. Le patient doit passer un moment plus agréable. Ils ont installé du matériel, joué sur le son et les lumières dans les salles IRM et scanners. Certaines études montrent qu'il y a un gain d'efficience, les patients ont plus confiance, les IRM et scanners sont réalisés plus rapidement. »
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