Donation surprise pour 2 hôpitaux locaux du Gers

Fleurance et Lectoure sauvés par une bonne fée

Publié le 02/02/2011
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Crédit photo : DR

« CHEZ NOUS, c’est un peu une tradition. On a eu deux donations pour l’hôpital de Fleurance, une dans chaque siècle ! » Raymond Vall, le sénateur-maire PRG de Fleurance, dans le Gers, savoure le moment. Un retraité de sa commune vient de sauver la mise à son hôpital local – récemment fusionné avec celui de Lectoure, situé à 9 kilomètres – en léguant 2 millions d’euros à l’institution. L’avenir, qui s’annonçait sombre pour l’établissement, s’est tout à coup éclairci. Et monsieur le sénateur-maire n’en revient toujours pas. « C’est un peu comme quand la cavalerie arrive en pleine attaque des Sioux ! », se réjouit-il.

Administrativement réunis depuis le 1er janvier 2010, les hôpitaux de Fleurance et de Lectoure (qui abritent à eux deux 33 lits de médecine, 26 lits de soins de suite et de réadaptation et un EHPAD de 440 lits) devaient investir 4 millions d’euros pour se réaménager, sauvegarder leur capacité d’accueil et mener à bien un projet de maison de santé pluridisciplinaire (MSP) destinée à contrer une désertification médicale galopante dans le coin. Ils ne les avaient pas. « Nous étions coincés, résume Raymond Vall. L’ARS [agence régionale de santé] nous avait dit : "Où allez-vous trouver cet argent ? Vous allez vous endetter trop lourdement !" On allait devoir fermer des lits de médecine et de soins de suite, mettre des gens à la porte. Car quand vous supprimez un lit de médecine, ce sont 4 emplois qui disparaissent ! »

C’est alors qu’un retraité de la région a pris contact avec la mairie et a légué, au nom de son attachement à l’institution, la coquette somme de 2 millions d’euros (dont 150 000 euros fléchés pour la future MSP) à l’hôpital de Fleurance. Le 22 décembre, il a signé un acte en ce sens. Avec ce don et la vente par Lectoure d’un vieux bâtiment de son propre hôpital (pour la somme de 1,7 million d’euros), les projets de ce qui s’appellera désormais l’« établissement public de santé de Lomagne » sont soudain devenus viables : l’ARS de Midi-Pyrénées leur a donné son feu vert la semaine dernière. « Les deux sites – et leurs 350 emplois – sont sauvés », soupire Raymond Vall.

Autrefois monnaie courante, notamment à l’occasion de successions – il en reste des traces dans les budgets hospitaliers sur une ligne « produits et legs » –, les dons de particuliers aux hôpitaux sont devenus extrêmement rares. Celui de Fleurance n’en est que plus spectaculaire. L’homme qui a fait ce choix a souhaité rester anonyme. Le sénateur-maire a eu directement affaire à lui ; il explique qu’il s’agit d’une personne issue « d’un milieu extrêmement modeste » dont le parcours montre « qu’on peut encore, par le travail, réussir ». « Il sait ce que cela veut dire d’être retraité dans une zone rurale et il veut absolument qu’un maximum de personnes âgées puissent rester sur le territoire », ajoute-t-il.

Raymond Vall avoue que le geste de son administré l’a « regonflé ». Parce qu’« en tant qu’élu de terrain », gérer les problématiques de santé n’a rien d’évident, confesse-t-il. Car si c’est l’État qui fait la politique – et la planification – hospitalière, c’est localement qu’il faut mettre les mains dans le cambouis : « Nous avons fait tous les efforts pour que la fusion avec Lectoure se fasse et ce n’était pas facile de venir à bout des querelles de clochers », se souvient le sénateur-maire qui n’en salue que davantage la décision de sa bonne fée.

 KARINE PIGANEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8898