INVITÉS À RÉPONDRE ensemble à la question : « Hôpital : comment concilier gestion rigoureuse et haut niveau de performance ? »,Frédéric Rostand, président du directoire de la plus importante chaine de cliniques en France, la Générale de santé, et Benoît Leclercq, directeur général de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) sont venus en découdre à l'École nationale d'administration. Un débat qui a permis de confronter leurs choix de restructuration diamétralement opposés.
Pour tourner leurs organisations vers l’avenir, tous deux misent sur l’efficacité. En y ajoutant l’exigence de qualité, ils en viennent à parler d’efficience, à laquelle l’AP-HP, comme pour multiplier ses chances d’y parvenir, consacre désormais une direction à part entière. Quoi qu'il en soit, la conjugaison d’une gestion rigoureuse et d’un haut niveau de performance semble d’abord être pour l’un et l’autre, une question de taille. Un idéal que l’AP-HP situe autour de 2 000 lits et la Générale de santé pas au-delà de 400. Benoît Leclercq explique qu’il ne scinde pas l’AP-HP en regroupements d’établissements « pour le plaisir de faire des ronds sur une carte, mais bien pour atteindre une taille de structure plus humaine, gérable et efficace ».
« Exception française ».
Des restructurations qui creuseraient les inégalités entre public et privé, selon Frédéric Rostand venu lancer un plaidoyer pour « que les mêmes actes soient facturés équitablement dans les deux secteurs » Une idée qui fait bondir le pilote du plus gros CHU de France qui entend bien conserver son avance, tout en reconnaissant facturer un accouchement simple par voie basse en moyenne 43 % plus cher que dans le privé. Benoît Leclercq l'explique par « un effet de gamme » lié à une palette de 650 types d'actes différents qui imposent des équipements spécifiques. « Ceci ne justifie pas de tels écarts », rétorque Frédéric Rostand qui précise que public et privé « tapent dans la même caisse alimentée par les mêmes cotisations sociales ». Il faut pourtant reconnaître que l’AP-HP tape un peu plus fort, puisque sa dotation annuelle atteint désormais 6 milliards d’euros. Sans parler de profit, mais d’excédent, Benoît Leclercq confie « dépasser son équilibre budgétaire d'une petite vingtaine de millions sur son exercice 2008 » Une situation « très enviable » qui permet à Frédéric Rostand de rappeler que « pour ses hôpitaux entreprises économiquement mortels, l'équilibre des comptes est simplement vital ! » À la Générale de Santé où les blocs opératoires sont des unités de production, il précise un brin agacé « que cette corrélation gestion et performance est une question qui ne se poserait même pas dans n'importe quel autre secteur industriel ». La Générale de santé qui fait le pari « du financement socialisé » ne tolère plus ces écarts de rémunération à l’acte que l'assurance-maladie considère en moyenne 57 % plus élevée dans le public, et de charges notamment salariales qui pèsent 14 % de plus sur le salaire d’une infirmière dans le privé.
Frédéric Rostand dénonce « cette exception française » qui freine aussi ses demandes de subventions et d’autorisations. Ceci ne semble pas émouvoir Benoît Leclercq. Dans cette bataille hospitalière, ni David, ni Goliath n’a dit son dernier mot, mais le plus imposant des deux paraît bien se méfier du plus léger, dans ce sprint à la performance.
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