Hôpital : Buzyn soigne le service après-vente de son plan, des centaines de médecins démissionnent de leurs fonctions administratives

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Publié le 13/01/2020
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Crédit photo : france info

Une nouvelle séquence hospitalière s'est ouverte en ce début de semaine avec Agnès Buzyn et le collectif inter-hôpitaux (CIH) dans les deux rôles principaux. 

Alors que la partition jouée par la ministre de la Santé ce lundi sur Franceinfo a égrené les principales mesures de son plan hôpital, celle du Pr André Grimaldi et de ses acolytes s'apprête à mettre en musique une lettre de démission collective de 1 000 praticiens hospitaliers – dont 600 chefs de service – rendue publique ce mardi. 

Très mobilisée ces derniers jours par la réforme des retraites, Agnès Buzyn s'est employée à expliquer que plusieurs décisions annoncées le 20 novembre pour l'hôpital public étaient déjà en voie de concrétisation. « Je dégage des financements dès ce mois de janvier : 150 000 euros ont été alloués aux hôpitaux dès ce mois-ci pour l'achat du matériel du quotidien », a insisté la ministre, évoquant l'enveloppe consacrée à l'investissement hospitalier.

Pour 2020, Agnès Buzyn l'a redit : aucune baisse tarifaire en vue. « Les budgets des hôpitaux sont de nouveau en augmentation depuis l'année dernière. Je me suis engagée à ce qu'ils [les tarifs] augmentent pour les trois prochaines années » (au moins 0,2 % par an).  

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Ouvrir des lits quand il faut

Sur l'arrêt des fermetures de lits, revendication récurrente des grévistes, la locataire de Ségur a ménagé la chèvre et le chou : « Ça peut arriver [de fermer des lits], ça a toujours été le cas. Il y a des endroits où un certain nombre de services ne sont plus nécessaires, alors qu'il y a au contraire des villes où il y a une progression de la population et où il faut ouvrir des lits. » « J'ai demandé à tous les hôpitaux de me faire parvenir leur besoin en nombre de lits [via] un indicateur chiffré que j'ai donné aux établissements depuis le mois de décembre. »

Agnès Buzyn a aussi vanté l'impact que devrait avoir la reprise partielle de la dette des hôpitaux (à hauteur de dix milliards d'euros sur trois ans), l'une des mesures fortes du plan hôpital. « C'est énorme, cela va dégager environ 800 millions à 1 milliard d'euros par an de trésorerie pour les hôpitaux, pour qu'ils puissent à nouveau engager du personnel, mieux payer les personnels en tension et réinvestir, rénover », a-t-elle espéré à l'antenne. Cette mesure interviendra au « deuxième trimestre »

« Je suis là pour améliorer la situation de l'hôpital public », a encore insisté celle qui veut désormais « communiquer clairement » sur les avancées de son plan. De fait, Ségur a fait parvenir ce lundi à la presse un dossier détaillé regroupant l'ensemble des mesures des plans hôpital (novembre) et urgences (juin et septembre), des décisions plus anciennes et un calendrier trimestriel pour 2020.
 

                           Calendrier de mise en œuvre des 14 mesures « Investir pour l'hôpital »

Annoncé jusque-là sans précision, le protocole de coopération « évaluation du bilan radiologique par l’infirmier ou l’infirmière organisateur de l’accueil, en lieu et place du médecin, pour les patients se présentant avec un traumatisme de membre dans un service d’urgences » est entré en application en janvier, annonce aussi le ministère. Il donne lieu à un versement de 100 euros brut pour chaque infirmier inscrit dans la démarche. 

10 millions pour la filière gériatrique aux urgences

Autre rappel des mesures spécifiques aux urgences. Tous les hôpitaux pourvus d'un service d'urgences devront en 2020 « prémunir tous les autres patients, en particulier les plus fragiles, de passer la nuit sur un brancard, grâce à plus de lits d’aval disponibles ou à des urgences réagencées ; travailler, quand leurs urgences dépassent 50 000 passages annuels, systématiquement avec une maison médicale de garde (MMG) installée à proximité ; mener un diagnostic de vétusté des équipements ; pouvoir accueillir directement dans un lit d’hospitalisation les personnes âgées adressées par leur médecin traitant, sans passage inutile par les urgences ». Cette dernière mesure (admissions directes) est d'ores et déjà financée par des dotations régionales d'un montant total de 9,9 millions d'euros (troisième circulaire budgétaire). 

Enfin, des « hôpitaux pilotes » seront « accompagnés dès les prochaines semaines pour ouvrir la voie à ces évolutions de l’organisation dans l’accès et la prise en charge aux urgences ».


Source : lequotidiendumedecin.fr