Le 17 septembre dernier, huit patients polynésiens placés en réanimation après des formes graves de Covid-19 ont décollé de Tahiti pour rejoindre la métropole, après une escale à Pointe-à-Pitre, pour faire le plein d'oxygène. « Sur une telle distance et avec autant de patients, c’est une première mondiale », a salué le Dr François Braun, président du SAMU Urgences de France et coordonnateur de cette opération.
Une prouesse mais aussi un constat d'échec à juguler la vague. En effet, lorsque le premier cas de variant Delta a été détecté en Polynésie française début juillet, le taux de vaccination était inférieur à 25 %. Pourtant, comme en métropole, la vaccination, gratuite, était ouverte à tous depuis mars. Vaccins et tests PCR, envoyés par l'Hexagone, sont gérés par le ministère polynésien de la santé et son agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass), en raison d’un statut particulier d’autonomie.
C'est fin juillet que la situation épidémique a commencé à se dégrader. Les premières restrictions ont été annoncé le 31, l’état d’urgence sanitaire instauré le 11 août puis le confinement le 23. Les premiers renforts de métropole sont arrivés le 15 août. Pour le Dr Didier Bondoux, président du SML local, « étant donné le faible taux de vaccination et le fort taux de comorbidités, hypertension, diabète, obésité morbide, c’est sûr qu’il y a eu du retard à l’allumage. De plus, les premiers renforts ont été moins conséquents que pour la première vague en mars 2020 ». Une première vague pourtant moins meurtrière.
Un médecin hospitalier nuance le tableau, affirmant que de nombreux professionnels de santé, disponibles sur le territoire, se sont présentés pour prêter main-forte quand la situation s’est dégradée. Ces demandes n’auraient pas toujours trouvé d’écho. Le matériel était là, arrivé en partie pour la première vague et resté finalement non utilisé. La capacité de lits a bien été augmentée dès les premiers signaux. Pour ce qui est du personnel en revanche, « on n’était pas prêts, c’était comme si rien n’allait se passer », affirme ce praticien.
Le 17 septembre, près de 300 renforts avaient été envoyés dont 44 personnels de la Sécurité civile. En mission pour trois semaines, ils sont infirmiers et aides-soignants pour la plupart mais il y a aussi des anesthésistes-réanimateurs, un urgentiste, des psychiatres. Le même jour, le bulletin épidémiologique annonçait 593 décès, 208 hospitalisations en cours dont 46 patients en réa pour une population totale de 270 000 habitants. Un médecin libéral de Tahiti précise : « Ces chiffres ne reflètent pas parfaitement la situation. Le bulletin est réalisé grâce aux données transmises par les partenaires de la surveillance épidémiologique et les généralistes du réseau Sentinelle. Un certain nombre de patients décèdent à domicile. » L’épidémie aurait atteint un plateau, mais la situation restait tendue.
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