Les cliniques Ramsay à l'assaut des soins primaires

Le groupe européen de cliniques privées Ramsay Générale de santé (343 établissements dont 140 en France) entend tirer profit de l'acquisition du Suédois Capio en novembre 2018 pour mettre un pied dans les soins primaires de proximité, un savoir-faire développé de longue date dans les établissements du groupe scandinave.

Ramsay vient de déposer en ce sens un dossier auprès du ministère de la Santé pour lancer en 2020 quatre structures de soins primaires, à mi-chemin entre la maison de santé et l'hôpital de proximité. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'article 51 de la loi Sécu 2018, qui offre la possibilité de monter des expérimentations dérogatoires pendant cinq ans. 

Répandues en Suède (proximity care centers), ces organisations de 250 m² regrouperaient à la sauce française trois à quatre ETP médecins généralistes, six à huit ETP paramédicaux par bassin de 7 000 à 10 000 patients. Le principe est d'y pratiquer la petite chirurgie mais pas la chirurgie ambulatoire. 

Le modèle économique est inédit : indépendant, le centre recevrait une rémunération forfaitaire de la Sécu, variable selon l'âge et l'état de santé de chaque patient pris en charge, sur le modèle du paiement à la capitation. Le médecin généraliste, lui, serait salarié de Ramsay pour 6 000 à 8 000 euros brut par mois, selon son expérience. Le patient n'aurait aucun reste à charge. 

Protocoles et évaluation

Puisqu'il s'agit d'une expérimentation, le statut reste à créer et les lieux d'implantation à définir. Ramsay Générale de santé vise deux zones urbaines franciliennes et deux zones péri-rurales en Auvergne-Rhône-Alpes. Plusieurs municipalités (Ris-Orangis, Argenteuil, Pierrelatte) seraient intéressées.

Avant de proposer l'importation de ce nouveau concept hybride qui contribue à briser la frontière ville/hôpital, Pascal Roché, patron de Ramsay, a pris soin de visiter une vingtaine des 104 proximity care centers suédois de Capio. « Ce qui m'a frappé, explique-t-il, c'est le recours accru aux protocoles de prises en charge. Chaque membre de l'équipe pluridisciplinaire salarié a un rôle et le patient, dès son arrivée, est orienté vers le bon professionnel de santé. Les bonnes pratiques sont évaluées grâce à des indicateurs qualité, la prévention est reine. Je suis convaincu de l'intérêt de la capitation ! Ce système favorise la pertinence plutôt que la course à l'acte, que les médecins généralistes français, et je le dis avec respect, pratiquent un peu. »

Maison, centre, clinique ou hôpital… Si la tutelle valide le projet de Ramsay, le groupe aura encore un nom à lui trouver.