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Carole Poupon, présidente CPH : « Notre profession est confrontée à un manque d'attractivité »

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Publié le 22/10/2020
Le Conseil d'Etat vient de donner raison à l'intersyndicale APH/Jeunes médecins qui est réintégrée à la table des négociations du Ségur de la santé, après en avoir été exclue pendant plusieurs semaines. Entretien avec la nouvelle présidente de la CPH, Carole Poupon.
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Le Conseil d'État vient de rendre un avis le 19 octobre donnant raison à Jeunes Médecins et Actions Praticiens Hôpital sur le référé Ségur concernant l'espace de négociation duquel vous avez été exclus...

Le Conseil d'État a en effet rendu un avis qui nous est favorable. Nous avions au préalable déjà déposé des recours qui ont été rejetés dont celui du 5 octobre dernier. Nous ne sommes en effet pas invités aux réunions du Ségur pour la raison que nous n'avons pas signé le Ségur le 13 juillet dernier. À l'avant-dernière réunion du Ségur, nous avions considéré que les avancées étaient insuffisantes et les négociations ont été interrompues par le ministre lui-même. Alors que nous étions sur le chemin du retour ou en poste le lendemain, nous avons été convoqués (à 11 h 20 pour une réunion à 15 heures) le matin même pour l'après-midi pour la dernière réunion, ce qui n’était pas prévu. Cela a été impossible de nous y rendre. Ainsi, la fin des négociations s'est poursuivie sans nous.

Ainsi, vous êtes toujours boycottés parce que vous n'avez pas signé le Ségur ?

Pas toujours. Nous sommes invités aux réunions du CSPM (Conseil supérieur des professions médicales). Il faut noter que suite aux élections de 2019, nous avons la majorité à 60 % au niveau de deux collèges de praticiens hospitaliers et des contractuels. Mais pour le suivi du Ségur, nous ne sommes pas invités, alors que le panel des thèmes abordés lors de ces réunions du Ségur est très large et couvre plusieurs thématiques qui concernent bien l'ensemble des personnels médicaux hospitaliers.

Quels sont les points cruciaux que vous n'avez pas pu aborder pour les PH ?

Le décompte du temps de travail aussi bien des internes que des PH. Dans son application, la France se situe hors du cadre légal par rapport à la législation européenne (48 heures). Concernant la permanence des soins, nous faisons des gardes et des astreintes qui ne sont pas non plus reconnues à leur juste valeur. Bref, notre profession est confrontée à un manque d'attractivité ; on n'attire pas les gens en les payant moins que ce qu'ils gagnent dans le privé. Par ailleurs, un des sujets sur lequel nous sommes beaucoup interrogés par nos collègues, est la fameuse grille indiciaire des rémunérations, avec des échelons qui ont été récupérés sur le début de carrières, mais pas sur les milieux de carrière. Tant mieux pour les jeunes médecins qui viennent d'être nommés à un échelon 4, en rappelant qu’avant ce décret les nominations se faisaient déjà à cet échelon majoré de 10 %. Mais l’absence de reprise de l’ancienneté des praticiens déjà en poste crée des incompréhensions et des tensions bien inutiles dans cette période déjà compliquée pour l’hôpital public. C'est une anomalie qu'il faut absolument rectifier. Sur ce point, nous n'avons pas eu encore de réponse officielle. Notre retour à la table des négos va peut-être nous permettre d'obtenir des réponses précises pour décider de nos actions à venir.


Source : lequotidiendumedecin.fr