Courrier des lecteurs

Pénurie d'internes : pourquoi ?

Publié le 12/11/2019
Article réservé aux abonnés

Les internes ont dépassé le nombre de 26 000. L'informatique des ARS en Ile-de-France a mal apprécié leur répartition, C'est une honte ! Ils étaient classés de façon aléatoire par les Épreuves Classantes Nationales (ECNi). Certains n’étaient pas assez bien formés lors du deuxième cycle pour assurer la fonction et avaient dû « être recyclés ». Les chefs de clinique n’ont ni le temps, ni parfois même les capacités pour les encadrer.

La réforme des études de médecine encourage désormais les internes à faire des stages dans les cabinets de ville. Faire sortir les internes en médecine de l’hôpital et leur faire effectuer des stages en ville pour qu’ils découvrent la médecine libérale est une bonne idée. En conséquence, nombre d’hôpitaux se trouveront dépourvus d’une main-d’œuvre « bon marché » à laquelle ils sont habitués. Les internes assuraient la bonne marche des services mais les nouveaux internes, les « Docteurs Juniors », ne pourront plus être en responsabilité avant leur dernière année.

À quoi serviront-ils ? Les internes sont un maillon indispensable dans le fonctionnement des hôpitaux mais ils travaillent bien en dessous du coût des services rendus. Un interne est payé 6,40 euros bruts de l’heure, et ses gardes sont payées 8,50 euros bruts/heure. Un magazine spécialisé avait calculé que l’État faisait une économie considérable en regard de ce qu’il devrait dépenser pour rémunérer son personnel.

Avec la nouvelle loi Santé, les internes, les « Dr Juniors » devront sortir de l’hôpital deux demi-journées par semaine et pour les IMG passer six mois dans les déserts. Ces réformes risquent de briser la qualité de la chaîne de soins, d’autant que nombre de postes de praticiens hospitaliers ne sont pas pourvus. Si on voulait détruire ce qui reste de l’excellence de nos hôpitaux, on ne s’y prendrait pas autrement ! Les « internes », mal préparés à prendre leurs fonctions, ont pu être convaincus que l’internat devait être prolongé. C’est une faute ! Le Président de la conférence des Doyens Jean Sibilia que j’ai rencontré en a pris conscience… mais quelles sont ses marges de manœuvre ? La santé est en effet « cadrée » par des conseillers et des énarques des plus difficiles à convaincre car trop dogmatiques.

Des études d’une durée de 10 à 12 ans pour former un médecin généraliste, c’est trop long ! L’internat de médecine générale est en effet passé de un à trois ans et ce sera bientôt quatre. Il faudra faire en plus un an de post internat pour pouvoir accéder au secteur 2 s’il n’est pas supprimé. Cela retardera d’autant l’installation.

Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .

Dr Bernard Kron, Membre de l'Académie de Chirurgie, Vice Président de "L'Internat de Paris" AIHAP

Source : Le Quotidien du médecin