Redonner du dynamisme à ces petits établissements parfois dénigrés, souvent taxés d'obsolescence médicale. C’était l’objectif de la réforme des hôpitaux de proximité engagée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn en 2019. Trois ans après l’ordonnance du 12 mai 2021 officialisant leur labellisation, leur gouvernance et leur fonctionnement, le bilan dressé lors d’une table ronde du congrès SantExpo 2024 est positif.
Au centre hospitalier (CH) de Douarnenez, la labellisation obtenue il y a un an a « conclu un temps de transformation de l’établissement et représente aujourd’hui un levier d’actions nouvelles », analyse sa directrice Valérie Jouvet. Le CH, qui compte notamment 115 lits de médecine, un service d’urgence et une activité de soins de suite et de réadaptation en hospitalisation complète et de jour, « vit et s’organise dans le cadre du groupement hospitalier de territoire (GHT) ».
En lien avec les CPTS
Fait marquant, l’Union hospitalière de Cornouaille (UHC), qui regroupe cinq établissements de santé, a été créée en 2012, quatre ans donc avant l’officialisation des GHT. Après avoir fait le choix de transférer une partie de son activité - la maternité puis la chirurgie - dans le cadre de l’UHC à Quimper, le CH a mené « un important travail de coopération avec les professionnels du GHT et de ville pour construire des parcours de soins en intra et en extra-hospitalier. Des médecins généralistes et spécialistes ont leur cabinet libéral tout en étant salariés à temps partiel par le centre hospitalier. La communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) est installée dans nos locaux et nous travaillons ensemble, notamment sur des actions communes de promotion et d’éducation à la santé », a expliqué Valérie Jouvet.
Au 1er avril 2024, 315 hôpitaux de proximité ont été labellisés par les ARS
La qualité de ce maillage territorial a été saluée par Élizabeth Bouttier, qui a dressé au nom de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS, ministère) un bilan positif de la réforme de 2021. Au 1er avril 2024, 315 hôpitaux de proximité ont été labellisés par les agences régionales de santé (ARS). Certaines activités y sont obligatoires (médecine, consultations de spécialité complémentaires à l’offre libérale, plateaux d'imagerie ou de biologie médicale), d’autres optionnelles (médecine d’urgence, centres périnataux de proximité, SSR, soins palliatifs) voire exclues (chirurgie et obstétrique). « Ils sont de profil et de taille variés mais ils ont pour socle commun de proposer une médecine ancrée dans leur territoire, a expliqué la représentante du ministère de la Santé. Nous avons noté que leurs patients sont plus âgés que dans les autres établissements. Les durées de séjour sont aussi un peu plus longues et les niveaux de sévérité un peu plus élevés, ce qui correspond aux objectifs assignés. »
« En 2022, les hôpitaux de proximité représentaient la seule catégorie d’établissements de santé qui n’étaient pas en déficit », a pour sa part noté Marc Bourquin, conseiller stratégie à la Fédération hospitalière de France (FHF), avant de lister les défis à relever : mieux intégrer la dimension médico-sociale, stabiliser les financements – ceux des soins médicaux et de réadaptation par exemple - et accélérer la dynamique de prévention.
Un hôpital agile
Vice-président de la Fédération nationale des établissements de santé de proximité (FNESP), le Dr Jean-François Ricono n’a pas hésité à parler de « modernité de l’hôpital de proximité. Il est agile et s’adapte aux demandes. Il est le maillon fort des parcours de soin et l’élément essentiel des parcours de vie. Lorsqu’il a la possibilité d’accueillir des internes, les postes sont rapidement pourvus et très appréciés ». Président du Collège de la médecine générale (CMG), le Pr Paul Frappé a également témoigné de l’attachement des généralistes « à l’existence de cette offre de soins structurée et à la qualité d’exercice dans ces établissements qui concrétisent, en lien avec les CPTS, un lien ville-hôpital parfois incantatoire ».
En 2022, les hôpitaux de proximité représentaient la seule catégorie d’établissements qui n’étaient pas en déficit
Marc Bourquin, conseiller stratégie à la FHF
En filigrane des interventions figurait aussi le besoin de combattre quelques idées reçues. « La demande de labellisation a été retardée car en interne, la communauté médicale craignait l’image de l’hôpital local. Il est important de travailler la communication et de véhiculer une image de qualité des soins », a témoigné Valérie Jouvet. Et sans doute aussi convaincre, comme l’a relevé avec humour Marc Bourquin, qu’« il y a une vie après les plateaux techniques de chirurgie et d’obstétrique ».
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