En Italie, la vie des personnes âgées hospitalisées dans les maisons de retraite médicalisées (RSA en italien) n’est pas un long fleuve tranquille. C’est ce que démontre un récent rapport indiquant les résultats des contrôles effectués durant les deux dernières années par les NAS, l’unité de carabiniers rattachés au ministère de la Défense et spécialisés dans la protection de la santé et la sécurité alimentaire. Depuis janvier 2017, 210 structures ont été fermées ou mises sous scellés. Un établissement sur trois ne respecte pas les normes en vigueur.
Autre donnée inquiétante : en moins de trois ans, 1 064 personnes ont été mises en examen ou renvoyées devant les tribunaux pour maltraitance. 770 kg d’aliments avariés ou mal conservés et 140 boîtes de médicaments périmés ont été saisis par les NAS. « Entre 2013 et 2018, plus de trois mille épisodes de violence ont été enregistrés », dénonce pour sa part Confesercenti, la fédération italienne des retraités dans une recherche intitulée sur le case senza amore (« maisons sans amour »).
Enfin, l’Observatoire national sur les résidences pour personnes âgées fondé par le syndicat SPI-CGIL, qualifie le système de « secteur privé dominant » et désormais sujet à de multiples dérives par manque de contrôles ciblés et d’investissements de la part de l’État.
Le privé en embuscade
« Attention ! Certaines structures privées sont un modèle d’efficacité mais à la base, il y a surtout un problème de financements », relève le Pr Marco Trabucchi, président de l’association italienne de psychogériatrie. Une affirmation corroborée par les dernières données de l’OCDE, l’Italie disposant aujourd’hui de 280 000 lits disséminés dans les 4 000 RSA officiellement recensées, alors qu’il en faudrait le double compte tenu du vieillissement de la population et de la paupérisation galopante. « L’augmentation de la demande confrontée à une offre insuffisante débouche automatiquement sur l’ouverture d’établissements inappropriés et peu respectueux des normes en vigueur », analyse le syndicat FIPAC.
Selon le ministère de la Santé, l’État italien et les régions détiennent 45 % du nombre total de RSA ; 35 % appartiennent à des sociétés non lucratives ; les 20 % restantes sont privées. Séduit par les promesses d’un marché destiné à se renforcer en raison de l’évolution démographique négative de la péninsule et de l’état affligeant des finances publiques, le secteur lucratif est de plus en plus présent sur le marché du grand âge. Mais si les grands groupes comme Kos ou le français Korian évitent généralement les dérapages, ce n’est pas le cas des petits gérants qui finissent ponctuellement devant les tribunaux.
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