Hospitalisation privée

SantéCité défend le modèle des cliniques indépendantes

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Publié le 07/05/2021
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Fondé en 2012, le groupe coopératif SantéCité s'engage à fédérer les cliniques indépendantes. Son président, Stephan de Butler d'Ormond, veut proposer une alternative aux groupes financiers et plaide en faveur d'une plus grande souveraineté française dans le domaine sanitaire.

« Proposer une troisième voie, entre un exercice de groupe national centralisé et l'exercice indépendant trop souvent isolé. » Tirée de leur site internet, cette citation reflète bien l'ambition portée par Santé Cité.

Avec 120 établissements membres pour 46 actionnaires et 2,2 milliards de chiffre d'affaires annuel, le groupe coopératif assure près de 25 % de l'offre de soins MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) privée lucrative en France. Une place de choix qui n'empêche pas pour autant les établissements indépendants de craindre pour l'avenir de leur modèle.

« Aujourd'hui les indépendants se sentent convoités », constate d'emblée Stephan de Butler d'Ormond, président de SantéCité depuis deux ans et PDG du groupe Victor Pauchet, basé à Amiens. Au sein de l'offre de soins privée française, « il y a d'un côté, un marché avec une certaine compétition et de l'autre, des groupes qui, poussés par des investisseurs internationaux, ont une appétence relativement forte à la croissance par le rachat », analyse-t-il. Résultat : « les indépendants sont menacés sur le territoire et certains souhaitent passer la main ».

Cliniques made in France

Pour faire face à cet appétit, Stephan de Butler d'Ormond plaide en faveur d'investissements nationaux, à l'inverse des géants du secteur qui « ne sont plus aujourd'hui franco-français ». Parmi les leaders de l'hospitalisation privée, « l'un a des capitaux américains, l'autre des australiens et le dernier des capitaux des Émirats arabes unis », avance-t-il.

Le responsable met volontiers en avant le « socle de valeurs » partagé par les cliniques membres de SantéCité. Il place en haut de liste « la relation au médecin libéral ». « C'est la personne avec laquelle on travaille depuis des décennies, on est très respectueux du choix du patient et des confrères », martèle le PDG. Là encore, il distingue les cliniques de SantéCité de celle des grands groupes par leur proximité avec les professionnels de santé et leur ancrage territorial. « Fondamentalement, nos patrons de cliniques sont des hommes de terrain », fait-il valoir.

Il vante également la structuration en groupe coopératif adoptée par les établissements qu'il représente. « SantéCité ne possède pas ses cliniques, ce sont elles qui la possèdent », résume-t-il. Chaque actionnaire cotise en fonction de son activité MCO mais ne dispose que d'une seule voix au directoire. Ce fonctionnement procure aux directions des établissements, parfois isolées, une « force commune ».

Une dynamique qui s'est révélée fructueuse face à la crise sanitaire. La stature de SantéCité a permis de faciliter l'approvisionnement en masques ou en molécules lors du premier pic de l'épidémie. « Nous avons été l'interface à l'échelle nationale, en lien avec la FHP (Fédération de l'hospitalisation privée, N.D.L.R.), entre nos établissements et les autorités », revendique le patron du groupe.

Souveraineté sanitaire

Stephan de Butler d'Ormond insiste également sur le soutien nécessaire des pouvoirs publics. Si les garanties financières apportées par l'État pour faire face à la crise ont permis aux établissements de tenir le choc, il alerte sur l'insuffisance des aides perçues par les médecins libéraux avec lesquels il travaille. « Certains se sont retrouvés dans des situations difficiles car ils n'ont pas été compensés sur leur rémunération personnelle mais simplement sur leurs charges », s'agace le responsable.

Il juge le Ségur de la santé « complètement insuffisant » même s'il va « dans le bon sens ». Face à la « pénurie de compétences » à laquelle sont confrontés les établissements de santé tous secteurs confondus, il estime le besoin de recrutement en paramédicaux à 100 000 postes. Plus généralement, Stephan de Butler d'Ormond prône une politique d'« indépendance et de souveraineté industrielle et sanitaire » sans laquelle le système de santé français ne relèvera pas la tête.

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin