Après sept semaines de négociations, le Ségur de la santé accouche enfin d'un premier accord. Du moins pour les personnels hospitaliers – hors médecins – qui devraient bénéficier d'une revalorisation salariale de 180 euros net mensuels. Côté praticiens, les discussions sont restées bloquées mercredi soir.
C'est au terme d'une réunion marathon de près de neuf heures – dans la nuit de jeudi – que syndicats et gouvernement sont parvenus à un projet d'accord. Olivier Véran propose à l'ensemble des salariés de l'hôpital public paramédicaux (infirmiers, aides-soignants) et non médicaux (techniciens, brancardiers, etc.) une augmentation de salaire en deux temps. Une première revalorisation de 90 euros net mensuels devrait intervenir dès septembre avant une seconde du même montant en mars 2021. Les médecins, internes et étudiants, font l'objet de négociations séparées.
Effort sur l'emploi
La version définitive du protocole d'accord devrait intégrer la refonte attendue des grilles salariales pour plusieurs métiers soignants et médicotechniques et la hausse de certaines primes notamment pour les dimanches et jours fériés.
En outre, seraient prévues 15 000 embauches dans les établissements publics – dont la moitié correspond à des créations de postes et l'autre à des recrutements sur des postes non pourvus. Au total, le gouvernement débloque une enveloppe de 7,5 milliards d'euros comme l'a annoncé mardi le nouveau Premier ministre Jean Castex.
L'accord a donné lieu à un satisfecit de la quasi-totalité des organisations représentatives des personnels hospitaliers malgré la revendication initiale de 300 euros net mensuels. « On a été au bout de ce qu'on pouvait faire », mesure Didier Birig de FO Santé. « Même si ce n'est pas suffisant pour rattraper le retard accumulé depuis des décennies, ça a le mérite d'exister », analyse Ève Rescanières de la CFDT. Seule la CGT Santé déplore qu'une partie de l'enveloppe – de l'ordre de 1,6 milliard d'euros – soit destinée aux salariés des établissements privés. Tous doivent se prononcer d'ici à lundi sur cet accord. Le texte « conduit à une revalorisation significative des métiers hospitaliers », s'est félicitée Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF).
« Rupture » avec les PH
Chez les praticiens hospitaliers en revanche, l'ambiance est radicalement différente. Les syndicats de PH sont sortis frustrés d'une nouvelle réunion de négociation avec Olivier Véran, mercredi dans la soirée. Jacques Trévidic, le président d'Action praticiens hôpital (APH) parle même de « rupture ». Le ministre de la Santé aurait refusé de dépasser les 400 millions proposés une semaine auparavant.
Les structures de PH s'étaient pourtant présentées avec des contre-propositions à hauteur de 680 millions d'euros répartis entre l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE), une refonte de la grille salariale et la création d'une cinquième plage de présence par 24 heures de travail effectuées.
Malgré la fin de non-recevoir, les syndicats maintiennent leur position. « Nous méritons mieux que ça », a déploré le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe) qui se dit inquiet de « l'absence de réel dialogue social entre les praticiens et leur ministre, pourtant ancien syndicaliste ».
Une nouvelle réunion est prévue ce jeudi après-midi. Le gouvernement veut clore le Ségur d'ici vendredi. Les syndicats doivent réunir leur conseil d'administration dans les prochains jours afin d'envisager la suite des négociations.
#Segurdelasante négociations sur les personnels #medicaux rompues. Enveloppe et mesures jugées tres insuffisante par tous les acteurs. Toujours pas de volonté de choc d'#attractivite #medicale à l'#hopital public en grand danger de désert hospitaliers faute de medecins pic.twitter.com/WNCCYoU4S7
— Thierry Godeau (@tgodeau) July 8, 2020
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