Courrier des lecteurs

A propos de la grève des IBODE

Publié le 25/11/2019
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Ce sont les personnels de bloc opératoire diplômés. Ils (elles) sont à la fois aides opératoires et penseuses avec un diplôme spécifique. Nombre d’infirmiers travaillent au bloc sans ce diplôme. Avec au moins deux ans d’expérience au bloc et une pratique régulière de ces actes, ces personnels vont devoir déposer un dossier aux ARS ou aux DRJSCS pour régulariser leur statut. Ils devront passer devant un jury composé d’un représentant de l’État, d’un chirurgien et d’un IBODE.

À l’issue de l’analyse du dossier et de l’entretien, il y aura trois possibilités : soit ils obtiendront une autorisation d’exercice de ces actes, soit ils devront suivre et valider une formation pour continuer à les pratiquer, soit il n’y aura pas d’autorisationLa décision sera définitive et les non validés n’auront plus le droit de pratiquer ces actes sans être titulaire du diplôme d’État d’infirmier de bloc opératoire. « Toutes les personnes qui n’auront pas déposé leur dossier pendant cette période de 6 mois ou qui ne répondent pas aux critères exigés, n’obtiendront pas l’autorisation. Il n’y aura pas de dérogations délivrées ultérieurement, » a déclaré Brigitte Ludwig Présidente de l’association.

La gestion des blocs risque d’être encore plus compliquée avec ces décisions. Il va y avoir trois niveaux de personnes qui vont faire des choses différentes : les IDE, les IDE qui auront reçu l’autorisation et les IBODE diplômés.

Cette évolution est très négative car la chirurgie est un compagnonnage. Le chirurgien formait ses aides à ses propres techniques. Personnellement j’en ai formé des dizaines de grande qualité. Elles étaient de très bonnes aides opératoires, souvent plus rigoureuses que certains internes ! Cette évolution normative a privé nombre de chirurgiens d’aides de qualité bien que non diplômées car toutes n’ont pas réussi à passer ce diplôme des plus théorique.

Jalousie

Je pense qu’il y avait des arrières pensées et de la jalousie de certaines IBODE dans cette évolution car elles ont fait pression pour éliminer des concurrentes performantes par la pratique et « aimées » par leur chirurgien…

Les infirmiers en pratique avancée poseront des problèmes du même ordre comme les Infirmiers anesthésistes ( IADE). La nouvelle loi santé va en effet créer une nouvelle classe de paramédicaux : « les professions intermédiaires » ou infirmiers en pratique avancée. Au service de tous depuis 60 ans pour l’anesthésie (IADE), cette profession, qui n'existait que dans les textes, n’était pas réellement reconnue !

Les infirmiers en pratique avancée disposeront de compétences élargies, véritable interface entre l’exercice infirmier et l’exercice médical. Ils pourront suivre des patients confiés par un médecin de l’équipe de soins au sein de laquelle ils exerceront. Les infirmiers en pratique avancée auront la responsabilité du suivi régulier des patients pour leurs pathologies et pourront prescrire des examens ou encore renouveler et adapter, si nécessaire, certaines prescriptions médicales.

Cette nouvelle pratique et ces nouvelles compétences bénéficieront d’une reconnaissance en termes de statut et de rémunération, aussi bien dans le cadre de la fonction publique hospitalière qu’au sein des équipes de soins primaires. Promesses de Gascons ? La France est en effet prisonnière de la grille des salaires issue de 1945.

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Dr Bernard Kron, Membre de l'Académie de Chirurgie, Vice Président de "L'Internat de Paris" AIHAP

Source : Le Quotidien du médecin