En ce 19 juillet, neuf départements du pourtour méditerranéen ont une nouvelle fois été placés en alerte orange canicule. Dans les Alpes maritimes, où la température a régulièrement frôlé et même dépassé les 40 °C au cours des dix derniers jours, le CHU de Nice fait face à une recrudescence du nombre d’entrées aux urgences.
Depuis une quinzaine de jours, la région de Nice enregistre des températures anormalement élevées qui ont entraîné un recours plus important aux services d’urgence du CHU avec en moyenne 20 entrées supplémentaires chaque jour et un pic de 320 entrées enregistré en seulement 24 heures la semaine dernière. Si les urgentistes ont accueilli quelques touristes et ouvriers du BTP, ils sont surtout venus en aide à des personnes âgées polypathologiques, vivant à domicile ou en Ehpad. « Il s’agit souvent de patients qui, après avoir dépensé beaucoup d’énergie pour protéger leur température corporelle, ont décompensé leur affection chronique. À leur arrivée, ils présentent des insuffisances cardiaques, respiratoires ou rénales par exemple », témoigne le Dr Pierre-Marie Tardieu, chef de pôle des urgences du CHU de Nice.
Des différences d'attractivité suivant les métiers
Dans un contexte de tensions liées au manque de ressources, le chef de pôle confie être « sur le fil du rasoir. Nous faisons face pour le moment, non sans difficultés d’ailleurs. Et il suffirait d’un ou deux arrêts maladie pour que nous soyons contraints d’exercer en mode dégradé ».
Pourtant, de nombreuses mesures ont été mises en œuvre pour renforcer les équipes du CHU. « Grâce aux "mesures Braun" de revalorisation salariale des gardes et des heures supplémentaires, nous avons gagné en attractivité auprès des médecins, poursuit le Dr Pierre-Marie Tardieu. Nous devrions aussi prochainement embaucher des infirmières. Mais cet été, nous avons rencontré des difficultés avec les aides-soignants, les agents de services hospitaliers et les conducteurs de SAMU. Tous les métiers sont importants et nécessitent la plus grande attention car au moindre problème, une ligne de service peut être menacée de fermeture. Nous sommes donc très attachés à maintenir un management particulièrement bienveillant à l’égard de tous ».
Une coordination à l'échelle du département
Un autre atout pour « tenir » réside dans la coordination assez inédite mise en place à l’échelle du département entre tous les services d’urgence, publics, privés et privés non lucratifs. « Nous avons un groupe WhatsApp sur lequel nous communiquons beaucoup et nous nous réunissons chaque semaine en présence de représentants de la délégation départementale de l’agence régionale de santé (ARS) pour partager nos difficultés, que celles-ci concernent nos plannings ou nos capacités en lits. Nous essayons de trouver des solutions ensemble », explique le Dr Pierre-Marie Tardieu.
Grâce au partage des systèmes d’informations, un outil a également été mis en place et indique heure par heure le nombre de patients présents dans chaque service d’urgence. Développé en coordination avec l’ARS, il permet ainsi à la régulation du Samu de faciliter les orientations en fonction des difficultés rencontrées par un établissement.
Des médecins peuvent également intervenir en renfort si la situation l’exige. « Dès le mois de juin, nous partageons nos plannings. Nous ne procédons pas à des réaffectations de personnel mais des médecins urgentistes volontaires peuvent proposer d’effectuer des remplacements ou des gardes dans les services en tension. Attention, il ne s’agit pas d’intérim. Ces journées ou demi-journées sont payées en temps additionnel », conclut le Dr Pierre-Marie Tardieu.
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