Courrier des lecteurs

SAMU de Strasbourg : un trop grand déballage

Publié le 17/05/2018
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Durant plus d’une semaine les médias généralistes n’ont pas cessé de développer un fait divers survenu fin décembre dans un centre de régulation des urgences de Strasbourg. Il a été difficile de ne pas entendre en boucle la conversation de la permanencière du SAMU avec une patiente éplorée.

Il me semble nécessaire de prendre un peu de recul vis-à-vis de ce fait divers aussi dramatique soit-il. En effet, notre système judiciaire va permettre de déterminer les fautes de chacune des parties dans cette histoire.

Et, en regardant de plus haut, nous pouvons nous interroger sur l’efficience de notre système de soins. Les urgences sont au bord de l’implosion, phénomène en relation avec plusieurs éléments : un vieillissement de la population, des concitoyens qui exigent des soins rapides, mais aussi un manque de professionnels de santé (en aval la pénurie des généralistes s’observe dans les campagnes mais aussi en ville, et en amont avec des urgentistes en sous-nombre).

De ce fait, nous comprenons aisément le fait que cette situation qui risque de s’aggraver au fil du temps, et nécessiterait des mesures concrètes pour éviter des erreurs plus dramatiques à l’avenir.

Or nous ne voyons que nos politiques placent quelques mots qui vont dans le sens du peuple (de cette façon ils montrent leur attachement aux aspirations des concitoyens), mais en aucune manière tentent de discourir sur le véritable problème de notre Société.

Il est très triste de voir qu’on ne se penche pas réellement sur la violence au sein des services d’urgence, et aux défis quotidiens vécus par les soignants. Mais aussi sur le comportement des patients qui regardent uniquement leur nombril et souhaitent avoir un avis rapide, et ne réfléchissent pas sur les possibilités offertes en milieu libéral pour répondre à leurs attentes.

Il faudrait s'intéresser aussi à la détresse des personnels de ces unités toujours à cran voire en burn-out, car ils doivent faire face à l’inadéquation entre l’offre en personnel déficitaire de manière chronique, et les demandes des concitoyens de plus en plus importantes.

Aussi, plutôt que de cacher les réelles problématiques posées par des situations dramatiques, les journalistes « généralistes » devraient s’attaquer un peu plus au fond du problème de notre système de santé. Malheureusement, il semble que ce travail nécessite trop de réflexion, et qu’il reste plus facile de polémiquer sur des faits divers. 

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste Banyuls (66)

Source : Le Quotidien du médecin: 9665