Le choix n'a pas toujours été facile. Entre le 29 août et le 19 septembre dernier, 7 977 candidats des dernières épreuves classantes nationales informatisées (ECNi), CESP inclus, ont opté pour leur spécialité et leur ville d'internat.
Au total, près de 300 internes supplémentaires ont été affectés par rapport à 2016. La procédure revêtait cette année une importance particulière puisque, pour la première fois depuis la réforme du 3e cycle, les étudiants devaient trancher entre 44 spécialités – contre 30 l'an dernier – et parmi les 28 villes de faculté.
Cette étape, cruciale pour la carrière médicale, permet d'évaluer précisément l'intérêt des jeunes pour les différentes disciplines. À partir des affectations enregistrées par le Centre national de gestion (CNG), « le Quotidien » a mesuré l'attractivité des 44 spécialités dans le classement ci-contre (hors CESP). Un indicateur éprouvé par la DREES (ministère de la Santé) a été retenu, qui permet à la fois de prendre en compte le rang de classement des candidats et le nombre de postes ouverts dans chaque filière.
Cet indice permet d'établir que l'ophtalmologie demeure, comme les années précédentes, la spécialité la plus prisée des étudiants. Il faut ainsi être classé dans le top 2 200 pour prétendre à un poste dans ce DES (141 places au total, hors CESP). Sans surprise, plusieurs spécialités traditionnellement plébiscitées figurent en tête du classement : la médecine cardiovasculaire, la néphrologie, la radiologie ou encore la dermatologie.
La chirurgie en repli
Deux nouvelles disciplines font une entrée en force en deuxième et troisième position des filières les plus demandées. La chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique est même celle dont les postes ont été le plus rapidement pourvus (le dernier au 1 533e rang) avec un nombre de places ouvertes il est vrai très restreint (27). Les maladies infectieuses et tropicales, spécialité retenue par la major des ECN, ont elles aussi séduit un grand nombre d'internes très bien classés (meilleur rang médian).
Longtemps spécialité reine de l'internat, la chirurgie a un peu perdu de sa superbe. Hormis la chirurgie plastique, l'ORL et dans une moindre mesure l'orthopédie, les étudiants ne se sont pas précipités vers plusieurs spécialités chirurgicales (viscérale, pédiatrique, vasculaire, thoracique). La faute à la pénibilité de l'exercice (horaires, gardes) et au risque judiciaire grandissant ? La question mérite d'être posée.
Filiarisation
Nouvelle venue, la médecine d'urgence a trouvé preneur pour ses 460 postes, quoique tardivement. La biologie médicale a recruté la moitié de ses membres... après le 6 000e rang de classement. Selon le Syndicat des jeunes biologistes, la réforme de 2008 a marqué un tournant : auparavant, le dernier poste de biologie médicale était choisi par la première moitié des étudiants classés !
À l’issue des choix, la très grande majorité des postes ont été pourvus (277 sont restés vacants, soit 4 % des postes contre 4,5 % en 2016). « On a senti au début de la procédure une certaine hésitation mais elle n'a pas été durable et à l’exception de la gériatrie, les nouvelles spécialités ont toutes été pourvues, ce qui est un succès et conforte le choix de la filiarisation », analyse Philippe Touzy, responsable des concours au CNG.
Cinq spécialités n'ont pas fait le plein et figurent en queue de peloton : la psychiatrie (98 % des postes pourvus), la santé publique (94 %), la gériatrie (85 %), la médecine générale (93,5 %, lire aussi page 3) et surtout la médecine du travail (65 %, 48 postes vacants).
* Ce classement est établi en fonction du choix des étudiants lors de la procédure ouverte du 29 août au 19 septembre 2017 (hors postes choisis par les CESP et les étudiants de l’école de santé des armées).
– L’indicateur d’attractivité de chaque spécialité est défini en tenant compte du classement des étudiants et du nombre de postes ouverts, selon les critères de la DREES. Plus l’indicateur est faible, plus la spécialité est considérée comme attractive.
– Les nouvelles spécialités sont notées en caractères gras.
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