« La vocation à n'importe quel prix n’existe pas » : les internes réclament une revalorisation de 300 euros par mois… et préparent une journée de grève

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Publié le 04/04/2023

Crédit photo : S.Toubon

Les internes reprennent (bientôt) les armes. Après une mobilisation massive à l’automne pour s’opposer à l’allongement de l’internat de médecine générale, les jeunes appellent à une « journée nationale sans interne » le 28 avril. « Face au mépris répété », l’intersyndicale nationale des internes (Isni) exhorte les juniors à une mobilisation « massive » pour rappeler aux tutelles « l’importance de leur travail de soignants », « incontournable du système de soins ».

Revalo de 300 euros brut par mois

Fin avril donc, l’Isni réclamera une revalorisation des salaires de tous les internes à hauteur « d'au moins » 300 euros brut par mois. Pour l’heure, face à des conditions de travail qui empirent, les juniors pâtissent toujours d’une « rémunération horaire inférieure au Smic », souligne l’Isni, soit 5,42 euros par heure en moyenne.

Le syndicat demande également au gouvernement de mettre en place une indemnité de logement, indexée sur le prix des loyers, pour faire face aux disparités de prix qui existent dans certaines villes.

Et pour financer ces revalos, la solution est toute trouvée : puiser dans les économies dégagées par l'encadrement de la rémunération des médecins intérimaires, estimées à 1,5 milliard d'euros par l'exécutif. Lundi, avec l’entrée en application de la loi Rist, l'Isni avait ainsi réclamé que les internes puissent bénéficier de « leur juste part des économies réalisées ».

« Pressions pour combler le manque de médecins »

La journée nationale sans interne sera aussi l’occasion de demander à nouveau un décompte horaire du temps de travail, combat ancien des carabins qui « dépassent allègrement le maximum légal autorisé », souligne l’Isni. Alors que certains internes, en chirurgie notamment, travaillent jusqu'à 100 heures par semaine, « des articles ont prouvé que la performance des médecins dans ces conditions de travail est la même que s’ils avaient une alcoolémie à 0,05 mmol/l, soit une valeur supérieure au taux légal pour conduire dans de nombreux pays ! », s'indigne l'Isni. 

« La vocation à n’importe quel prix n’existe pas, résume Olivia Fraigneau, présidente de l’Isni. Sans conditions de travail dignes, nous ne pouvons pas soigner correctement les gens, nous ne pouvons pas continuer d’exercer notre métier », insiste la future urgentiste.

Dans l'immédiat, le syndicat craint que l'encadrement de l'intérim dégrade encore davantage les conditions de travail des internes. « Nous veillerons à ce qu’aucun interne ne subisse de pressions pour combler le manque de médecins dans les hôpitaux suite à la décision qu’a prise le gouvernement, prévient Olivia Fraigneau. Nous ne pouvons pas demander à ces jeunes praticiens un effort supplémentaire : leur travail les tue déjà ! »

Dans la foulée, le syndicat Jeunes Médecins (JM) a lui aussi appelé à une journée « sans jeunes médecins », le vendredi 28 avril. Il presse le ministère de faire des « annonces rapides pour ces grands oubliés » et revendique l’ouverture d’une concertation sur le statut de praticien hospitalier, d’interne, de docteur junior, d’assistant, de chef de clinique et de praticien contractuel.


Source : lequotidiendumedecin.fr