Si la période de crise sanitaire s’était déjà traduite par une forte dégradation des indicateurs de santé mentale chez l’ensemble des jeunes, 2024 n’aura marqué aucune embellie du côté des carabins.
Selon une vaste étude nationale publiée fin novembre par les syndicats d’étudiants et d’internes en médecine (Anemf, Isni et Isnar-IMG), 21 % des carabins ont eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (+ 2 points par rapport à l’enquête de 2021). Les symptômes anxieux (52 % des juniors) et les signes de burn-out (65 %) restent stables tandis que les épisodes dépressifs progressent (27 %), autant d’indicateurs d’une véritable souffrance psychologique. Un autre champ a été largement documenté en 2024, celui des violences sexistes et sexuelles - 26 % des internes et 19 % des externes rapportant des comportements déplacés ou des agressions. Des faits graves (92 viols ou tentatives de viols et 423 agressions sexuelles) ont été rapportés dont la grande majorité a eu lieu au sein même de l’hôpital et des services.
Ces chiffres font tristement écho à une autre enquête d’envergure sur les violences sexistes et sexuelles dans le corps médical, publiée fin novembre par l’Ordre. Elle révèle que 54 % des médecins femmes déclarent avoir subi une violence sexuelle, en majorité pendant leur parcours étudiant (48 %). Ces violences proviennent, dans une proportion significative, de confrères inscrits à l’Ordre. L’enquête révèle également des lacunes importantes dans la connaissance des aides disponibles et des sanctions pénales associées à ces infractions.
Les conditions de formation (horaires, charge émotionnelle, conflits hiérarchiques) continuent d'exposer particulièrement les futurs médecins aux risques psychosociaux. Une autre enquête intersyndicale dévoilée en mars révélait déjà que les jeunes médecins travaillaient en moyenne 59 heures hebdomadaires toutes spécialités confondues. Les syndicats réclament toujours le décompte horaire du temps de travail.
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