Le Dr Sophie Augros, déléguée nationale à l'accès aux soins, a remis ce lundi à Agnès Buzyn un état des lieux des aides à l'installation des jeunes médecins dans les territoires sous dotés. « Bien que la palette d'aides soit déjà particulièrement bien fournie, certaines lacunes ou insuffisances peuvent être soulignées », observe la jeune généraliste, ex-présidente du syndicat Reagjir (jeunes généralistes installés et remplaçants), dans ce document d'une cinquantaine de pages remis un an après la présentation de Ma Santé 2022, grande réforme sanitaire du quinquennat Macron (voir encadré ci-dessous).
D'autres déterminants à l'installation
« Les contrats incitatifs répondent à un réel besoin d'accompagnement et de soutien aux projets d'installation en territoire fragile mais rencontrent un succès mitigé en pratique », observe le Dr Augros, selon qui les déterminants à l'installation des jeunes médecins ne se résument pas aux seules considérations financières. Entrent également en ligne de compte la qualité et le cadre de vie du territoire, l'emploi du conjoint, la présence de confrères et d'équipements médicaux sur le territoire mais aussi l'accompagnement des jeunes médecins dans leur projet d'installation. (relire notre dossier "Bien coachés, prêts à s'installer")
Un contrat simplifié pour tous
Afin de simplifier l'offre des contrats proposés aux médecins libéraux, le Dr Augros propose un contrat unique pour sécuriser le début d'exercice des jeunes médecins. Fusion de quatre dispositifs déjà existants (PTMG, PTMA, PTMR et PIAS), ce nouveau contrat s'adresserait à tous les jeunes médecins, quelle que soit leur spécialité, s'installant dans un territoire sous doté aux tarifs opposables et engagé dans un exercice coordonné. Ce dispositif permettrait aux signataires d'avoir des revenus garantis (grâce à un complément jusqu'à un plafond de 6 900 euros brut) avec une couverture sociale recentrée sur l'avantage maladie (avec 7 jours de carence dans ce premier projet).
Par ailleurs, les signataires disposeraient d'un accompagnement particulier à la découverte du territoire et à la création d'entreprise (choix du statut juridique, plan d'affaires, recrutement éventuel d'un secrétaire médical...). L'ARS pourrait recourir à des prestataires spécialisés pour venir en aide aux jeunes médecins intéressés. Une question reste en suspens, celle de la participation à la permanence des soins pour disposer des avantages de ce contrat. « Une telle condition permettrait de consolider le tour de garde dans les territoires d'installation des signataires », avance prudemment le Dr Augros.
Le bilan des multiples contrats
Si les bourses pendant les études (CESP, 3 185 étudiants ou internes signataires depuis 2010), ou les contrats de praticiens territoriaux de médecine générale garantissant en début d'activité un revenu minimum et un avantage maternité et maladie(1 208 PTMG signés depuis 2013 par un jeune installé depuis moins d'un an) ont rencontré un vrai succès, d'autres dispositifs n'ont pas su trouver leur place. C'est le cas du PTMA (praticien territorial de médecine ambulatoire, 71 signataires), PTMR (remplacement, 19 contrats paraphés) ou autre PIAS (praticien isolé à activité saisonnière, 9 bénéficiaires) qui cohabitent avec les aides des collectivités territoriales et les aides conventionnelles. Parmi ces dernières, les 50 000 euros du Caim ont séduit 859 médecins nouvellement installés. La prime de 5 000 euros par an pour la stabilisation et la coordination des médecins du Coscom a été versée à 2400 praticiens tandis que les honoraires bonifiés du Cotram (66 bénéficiaires) ou du CSTM, contrat de solidarité territoriale (74 signataires) ont rencontré peu de succès.
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