Loin d’être décrépite, la sécurité sociale reste, 70 ans après sa création, « d’une formidable modernité, plus que jamais au cœur de notre pacte Républicain ». C’est par ses mots que Marisol Touraine a donné, mardi matin, le coup d’envoi des manifestations organisées autour du 70e anniversaire de l’institution. Entourée de Christian Eckert, secrétaire d’État au budget, Laurence Rossignol, secrétaire d’État chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’Autonomie, Nicolas Revel, directeur de la Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM) et quelques députés de la majorité parmi lesquels Catherine Lemorton, présidente la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, la ministre a martelé son souhait « de continuer à faire vivre ce cœur battant de notre République sociale ». Et assuré que, « tout au long de cette année de célébration, nous rappellerons que la Sécurité sociale renforce nos vies, qu’elle apporte mais ne retire rien ».
À ceux qui « s’en prennent parfois insidieusement mais de plus en plus ouvertement à ce grand acquis de notre République », Marisol Touraine oppose son « profond attachement à l’universalité ». Alors qu’un rapport du Trésor suggérait de réformer la prise en charge des dépenses de santé en instaurant un système de franchise, la ministre a vigoureusement fermé la porte à cette option, fustigeant l’idée de concentrer « la sécu (…) sur certains ménages ou certaines situations, à travers je ne sais quels boucliers ».
Quand bien même la sécurité sociale apparaît, aux yeux de Christian Eckert, comme « une septuagénaire fringante » qui a su s’adapter et faire face aux défis, Marisol Touraine propose d’en relever un nouveau : la création d’un « régime maladie universel ». « Tout le monde dans notre pays a droit à une couverture, mais il est parfois compliqué de faire valoir ses droits », regrette-elle, assurant que « chacun doit pouvoir bénéficier d’une couverture qui la suit véritablement tout au long de sa vie, par-delà les changements de résidence ou d’activité ». Avec, en tête, le cas des étudiants, des citoyens qui déménagent ou encore ceux qui changent de profession, elle a « donc décidé d’engager à ce sujet une réflexion qui doit pouvoir déboucher, à terme sur un régime maladie universel » et « qui ne remette pas en cause la pluralité des organismes gestionnaires ».
Une initiative pour amadouer les syndicats, un mois après le vote du projet de loi santé? Ce chantier, à l’état embryonnaire, devrait en tout cas s’attaquer à la difficulté pour les praticiens de vérifier l’affiliation de leur patient, une des critiques adressées par les médecins à l’encontre du tiers payant.
Au-delà de ces considérations politiques, l’anniversaire de la sécurité sociale doit donner une plus grande visibilité de l’institution aux citoyens. C’est en tout cas le souhait exprimé par Dominique Libault, directeur de l’EN3S et chargé de piloter les manifestations organisées en l’honneur des ordonnances d’octobre 1945. "Il ne s’agit pas de faire un événement entre soi mais d’en faire un moment de dialogue avec l’ensemble de la société", a-t-il appelé de ses vœux, précisant que de multiples animations "proches du terrain, des gens" seraient organisées tout au long de l’année. En attendant d’en savoir plus sur "le point d’orge de l’année", prévu en octobre, la programmation est dès à présent disponible sur le site dédié à l’anniversaire.
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