Vu du Québec

Le DPC indispensable à la pratique

Publié le 30/03/2018
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Ce n’est pas la recertification, mais ça y ressemble. Voilà près de 40 ans, le Québec adoptait le développement professionnel continu (DPC), passage obligé pour les médecins, qui s’y soumettent tous les cinq ans pour être autorisés à exercer.
Réunion

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Au Québec, l'utilité de la formation continue ne se discute plus. La province canadienne a instauré la FMC dès le début des années 70 et opté une décennie plus tard pour le développement professionnel continu (DPC). Obligation quiquennale pour tous les médecins, le DPC dépasse l’établissement d’un diagnostic différentiel et sa solution thérapeutique. Aux connaissances médicales de la FMC s’ajoutent des compétences liées à l'administratif, la communication avec les confrères, les relations avec les patients, etc.

Le 1er juillet 2007, le Collège des médecins du Québec (CMQ) a mis en place un plan d’autogestion pour aider le médecin à atteindre ses objectifs d’apprentissage. Le praticien doit le rédiger au moment du renouvellement annuel de sa cotisation, en adhérant à des activités issues d’organismes agréés par le Conseil québécois de développement professionnel continu des médecins. Sans quota horaire, chaque praticien fixe ses objectifs en fonction de son exercice professionnel et des points qu’il estime devoir améliorer. Le Dr Jean-Philippe Cohen-Bacry, généraliste français installé à Saint-Tite (Mauricie), y adhère totalement : « En médecine, se former doit faire partie de la pratique. Ici, l’organisation à la nord-américaine en facilite la gestion. » Ainsi, 80 % des médecins de la Belle Province ont plus de 70 heures de formation annuelle de tout type (lecture, colloque, Internet, cours) – loin du minimum de 28 heures obligatoires en France.

Les médecins québécois financent leur DPC (800 $ pour deux jours de congrès à Montréal en moyenne) mais bénéficient d’une indemnisation quasi équivalente de l’Assurance maladie locale (RAMQ) et peuvent faire passer le coût de la formation sur les impôts de leur société.

Des médecins très contrôlés

Chaque année, le Collège des médecins du Québec procède à une vérification aléatoire des plans d’autogestion de 3 % de ses membres, soit peu ou prou 650 médecins. Parallèlement, le Collège effectue des visites d’inspection professionnelle. Le Dr Ernest Prégent, directeur de l’amélioration de l’exercice du CMQ, le rappelle : « Cinq mille médecins sont ainsi évalués chaque année en établissement hospitalier et un peu plus de 200 sur une base individuelle incluant une pratique en cabinet. C’est en procédant à des contrôles de ce type que le CMQ s’est rendu compte que si quasi 99 % de ses membres étaient à jour dans leurs connaissances des pratiques médicales, demeurait un petit noyau de récalcitrants qui ne réalisaient pas l’impact du développement professionnel sur la qualité de leur pratique. »

Un nouveau règlement entrera en vigueur au 1er janvier 2019. Exit le médecin maître de ses activités et évaluant lui-même ses besoins. Il devra respecter une formation de 250 heures par tranche de cinq ans et au moins 25 heures annuelles. Tous les praticiens devront communiquer leurs activités et nombre d’heures de formation, y compris ceux qui ont un emploi purement administratif. Sous peine de sanctions : « Un médecin qui ne respecte pas le règlement peut être invité à suivre un atelier sur la planification du développement continu ou faire l’objet d’un suivi individuel par un responsable de DPC, explique Leslie Labranche, du Collège des médecins du Québec. En recours ultime, le règlement permet au CMQ de limiter la pratique d'un praticien ou de le radier temporairement s'il ne fait aucune démarche pour réaliser son DPC. Il sera réintégré une fois complété le nombre d’heures de formations demandées. »

Ladane Azernour-Bonnefoy

Source : Le Généraliste: 2829