Éditorial

Une année en trompe-l’œil

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Publié le 04/07/2019
Jean Paillard

Jean Paillard
Crédit photo : S. Toubon

2018 a-t-elle profité aux finances des médecins libéraux ? Au vu des statistiques de l'UNASA, c'est une année correcte pour nombre de disciplines. Mais la bonne nouvelle est tout de même à relativiser. D'abord, parce que l'exercice s'avère médiocre pour les généralistes. Ensuite, parce que l'inflation a repris des couleurs l'an passé. Et pour les médecins libéraux dont le BNC a évolué en deçà de 2 %, cela équivaut à une stagnation, voire une régression de pouvoir d'achat. Plus des deux tiers de notre échantillon sont dans ce cas…

L'autre enseignement de ce bilan financier, c'est que les revalorisations issues de la convention de 2016 s'essoufflent. Pour les médecins de famille, l'effet C à 25 euros en queue de comète a été limité l'an passé. Et pour les spécialistes, l'arrivée des majorations d'urgence et des actes complexes a eu un effet très inégal. Coup de pouce précieux pour les neurologues ou les pédiatres. Mais rendez-vous manqué pour les rhumatologues. Cette première tentative de hiérarchisation des actes n'est pas forcément un échec. Encore faudrait-il mieux faire connaître les nouvelles cotations.

Dix ans après l'apparition des primes à la performance, celles-ci semblent pour leur part promises à un bel avenir. Pour le meilleur et parfois pour le pire ! Car les nouvelles règles du jeu de la ROSP ont incontestablement joué des tours l'an passé aux généralistes. Et pourtant, dans la foulée des cardiologues et gastroentérologues, le dispositif fait des envieux. Après les endocrinologues, concernés dès cette année, rhumatologues, gynécologues médicaux ou biologistes médicaux réclament à leur tour le droit à un bonus forfaitaire, histoire de se refaire une santé. Avant même l'entrée en vigueur des pistes du rapport Aubert, la révolution de la rémunération est en germe.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9763