Régulation

Intervenir ou pas ?

Publié le 22/03/2013
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Toute la difficulté de la régulation d’un appel demeure aujourd’hui encore l’évaluation de l’urgence et de la nature de la réponse à apporter. Les pièges sémiologiques sont toujours présents mais, selon le

Dr Daniel Jannière (SAMU de Paris), « il faut pour chaque cas s’appuyer sur quatre critères : la gravité objective, la quantité de soins disponible, le temps d’accès aux soins et la pression sociétale ». Selon le directeur médical adjoint du SAMU de Paris, « il est sûr que l’on va envoyer un SAMU sur un enfant qui a été bousculé par un bus mais on n’aura pas la même attitude si c’est un adulte sans aucun signe de gravité. Chez un hypertendu qui a mal au ventre, on pense à la gastro-entérite mais il faut rester vigilant, ce peut être une dissection aortique. »

Pièges diagnostiques

Que la PDS soit assurée par un service de régulation de généralistes ou par le 15, la difficulté de poser un diagnostic reste la même où que l’on exerce. Selon le Dr Jean-Louis Bensoussan (Castelmaurou, régulateur et effecteur en Midi-Pyrénées, à l’ARMEL), « les pièges diagnostiques ne sont pas l’apanage de l’urgence. On se retrouve devant une douleur thoracique étiquetée banale par le régulateur et qui se révèle être un infarctus. Mais, c’est la même chose au cabinet médical où une douleur épigastrique peut très bien être un piège masquant un infarctus du myocarde ».

Même son de cloche pour l’anesthésiste-urgentiste : « Ce sont les signes sémiologiques qui doivent alerter le médecin. Et, en garde, on est probablement dans une attitude de vigilance plus grande, alors qu’en consultation, on valide souvent un diagnostic a priori?». Pour le Dr Jannière, l’avantage d’une PDS régulée

par un centre 15/SAMU est que la sécurité du patient est mieux assurée par une décision collective. Dans un contexte de rationalisation des soins, cette démarche centralisée serait, à ses yeux, un gain de productivité dans la filière de soins.

Re-régulation

Par rapport à la menace de dérives procédurières, le Dr Daniel Jannière souligne à l’intention des effecteurs  la nécessité de revenir aux fondamentaux. « Lorsque le régulateur vous dit d’y aller, il faut y aller et ne pas repasser un coup de téléphone et faire une “re-régulation” ». Si la régulation médicale doit être unique, selon lui, la coopération se doit d’être plurielle.

Pour le Dr Bensoussan, « c’est plus sécurisé depuis qu’il existe une régulation libérale et que les textes de la Haute Autorité de santé ont clarifié les choses. Il est clairement écrit que la PDS peut attendre 60 minutes, on n’est pas dans l’aide médicale urgente (AMU). Je ne pense pas que l’on peut être piégé et il n’y a pas de différences avec notre activité habituelle sous réserve que le médecin régulateur soit bien formé à la régulation. Il doit faire la part des choses entre l’AMU et la PDS ».


Source : lequotidiendumedecin.fr