À 33 ans, un généraliste refusant sa vaccination Covid tire un trait sur l'exercice de la médecine

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Publié le 26/02/2022

Crédit photo : Phanie

À peine commencée, la carrière médicale du Dr Grégory Pamart s’est brusquement interrompue le 15 septembre 2021. Le généraliste, installé depuis près de trois ans à Jenlain (Nord), a refusé la vaccination contre le Covid-19, alors que la loi du 5 août 2021 l’imposait à tous les soignants. Sous la menace d’une suspension, il a cessé son activité. À l’époque, le Dr Pamart se laissait le temps de la réflexion jusqu’au 31 décembre 2021. Il évoquait la fermeture « temporaire » de son cabinet, sans écarter la possibilité de reprendre du service. Ce ne sera pas le cas.

Contacté par « Le Quotidien », il confirme la fermeture définitive de son cabinet de Jenlain. Le médecin n’est pas revenu sur sa décision de refuser la vaccination contre le Covid, laissant dans le désarroi un millier de patients, dans une région touchée par la désertification médicale.

Comment un jeune médecin de 33 ans, dont la carrière débute à peine, peut-il renoncer à ce métier pour lequel il se dit passionné ? « J’aurais aimé trouver une autre solution, reconnaît le jeune homme. Mais renoncer à mes convictions, ça aurait été renoncer à qui je suis. Je n’aurais pas pu continuer à soigner les gens comme je le conçois. Est-ce que j’aurais pu être attentif au patient en face de moi ? Je ne le crois pas. »

Remise en cause des recommandations

Dès le début de l’épidémie de Covid, le médecin a remis en cause certaines recommandations sanitaires officielles, pourtant largement acceptées par une grande majorité de la profession et des scientifiques. À commencer par le port systématique du masque au cabinet qui, selon lui, n’est pas justifié en dehors des indications médicales habituelles.

Cette prise de position, qui remonte à 2020, lui a valu des poursuites devant la chambre disciplinaire des Hauts-de-France, après une dénonciation auprès du conseil départemental des médecins. Il est sous le coup d’une sanction ordinale pour cette raison. Le médecin s’en est confié au cours d’un entretien vidéo rendu public avec le Dr Éric Loridan, proche du collectif RéinfoCovid, cofondé par le Dr Louis Fouché, figure de proue de la mouvance complotiste.

Le Dr Pamart est également en contradiction avec la politique vaccinale sur le Covid. Non seulement il remet en cause l’intérêt d’une généralisation à l’ensemble de la population, mais il émet également des doutes sur l’innocuité de ces traitements. « Je pense que sur la vaccination, on a forcé le consentement de la population, insiste le jeune homme qui invoque la loi Kouchner de 2002 sur les droits des malades. Je me bats pour que les patients aient le choix, y compris celui de se faire vacciner ! »

« J’ai peur de ce que va devenir la médecine demain »

Le généraliste défend sa conception du métier. « J’ai peur de ce que va devenir la médecine demain, dit-il. Est-ce que ça va se résumer à vous mettre un coton-tige dans le nez, à faire un test pour en déduire la maladie et à vous prescrire un antiviral ciblé ? Le problème quand on fait ça, c’est qu’on ne répond pas entièrement à la souffrance du patient. »

Selon lui, les malades ont été abandonnés à leur sort durant l’épidémie. « Pourtant on avait des solutions pour les prendre en charge au cabinet », assure-t-il. Au mois de décembre 2021, il est lui-même intervenu auprès d’un malade atteint du Covid, en lui prescrivant une oxygénothérapie et un antibiotique (azithromycine) en prévention d’une surinfection. Cette intervention, alors qu’il était suspendu d’exercice, lui a valu une nouvelle convocation devant le conseil départemental de l’Ordre. « C’était une situation d’urgence, le patient ne voulait pas se rendre à l’hôpital, son médecin ne voulait rien lui prescrire “parce que ça lui ferait trop de paperasse !” et aucun confrère ne pouvait intervenir, affirme le Dr Pamart. J’ai fait ce que mon devoir moral m’imposait. »

Comment voit-il aujourd’hui son avenir ? « Si demain je ne peux plus exercer la médecine, je pense que je soignerai quand même, répond le jeune père de famille. Je ne sais pas de quelle façon, mais je continuerai à prendre soin de l’autre, c’est une évidence ! Parce que c’est qui je suis. »


Source : lequotidiendumedecin.fr