Campagne de vaccination : les libéraux posent leurs conditions, la FHF prône une approche territoriale

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Publié le 01/12/2020
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Crédit photo : PHANIE

Prenant acte des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) pour la future campagne de vaccination contre le Covid-19 – qui devrait commencer par les personnes âgées en EHPAD – les syndicats de médecins libéraux attendent les annonces précises du gouvernement sur la stratégie vaccinale. D'ores et déjà, plusieurs conditions doivent être remplies pour réussir cette campagne, qui constituera un immense défi logistique.

Le premier prérequis est la « transparence » dans les informations délivrées aux soignants et aux patients, à l'heure où plus d'un Français sur deux ne compte pas se faire vacciner. « Pour convaincre les Français, nous devons aussi être convaincus nous soignants, insiste le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Nous avons besoin d'avoir des données claires et précises, des réponses sur l'efficacité des différents produits sur les différents groupes de la population, sur les formes graves, les effets secondaires, etc... ». « Pour le moment, on ne sait rien, abonde le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Il faut que nous puissions avoir toutes les informations avant de nous engager. Nous avons besoin de cette transparence pour donner confiance à tout le monde. Et le succès de la vaccination des soignants sera aussi l'un des enjeux de cette campagne ».

Quel cadre ?

Alors que des réunions s’enchaînent au ministère de la Santé, les syndicats de praticiens libéraux attendent le cadre réglementaire précis et la logistique associée (conditions de conservation des vaccins, recueil des données, système de pharmacovigilance). La question de la responsabilité est déjà soulevée par la FMF. « Qui est responsable ? Le médecin "vaccinateur" ou l’État ? J’ai posé la question mais je n’ai pas eu de réponse », déplore le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF.

Rappelant le « fiasco » de la vaccination H1N1 dans les fameux « vaccinodromes » en 2009, MG France considère que les libéraux devront se voir confier « la responsabilité de l’organisation au niveau local, en lien avec les collectivités territoriales ». Pour les Généralistes-CSMF, la vaccination pourra se faire soit dans des cabinets équipés (où des généralistes s'organiseront) soit dans des centres Covid, des maisons médicales de garde ou des pharmacies avec des locaux adaptés. « Et il est hors de question d’exclure les personnes âgées à domicile. C'est plus compliqué mais on va mettre en place des organisations pour les vacciner », ajoute le Dr Luc Dusquesnel.

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) insiste sur la formation des médecins. « Le vaccin de Pfizer/BioNTech est spécial. Les médecins doivent savoir comment l’utiliser, les contre-indications, les règles de sécurité. Il faut aussi une formation sur le cadre administratif qui va être lourd. On ne va pas vacciner à tout va », insiste le Dr Philippe Vermesch, président du syndicat.

L’association SOS médecins est prête à venir en renfort « pour augmenter la couverture vaccinale », même si la vaccination n’est pas sa vocation première. « Nous attendons les directives gouvernementales mais nous serions prêts à y participer notamment dans les zones déficitaires », confie le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS médecins.

Cellules de crise

Ce mardi, lors de son point presse hebdomadaire, la Fédération hospitalière de France (FHF) a plaidé de son côté pour une « stratégie territoriale » de vaccination. Elle appelle de ses vœux la création de cellules de crise à l'échelle des « 135 territoires de santé » constitués autour des groupements hospitaliers de territoire (GHT).

S'agissant de l'approvisionnement, « les hôpitaux et établissements médico-sociaux doivent pouvoir commander directement auprès des grossistes-répartiteurs », propose Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF. La responsable a rappelé ce mardi l'importance de la médecine de ville et des collectivités locales pour mener à bien cette stratégie vaccinale. « Il faut arriver à mettre en place une vision programmatique et de long terme », a-t-elle déclaré.


Source : lequotidiendumedecin.fr