Dans le Tarn, le pluripro facilite l'accès aux soins visuels des patients diabétiques

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Publié le 18/06/2021
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Pour améliorer l'accès aux soins visuels dans une zone rurale, la maison de santé pluriprofessionnelle de Réalmont (Tarn) a imaginé un protocole de dépistage de la rétinopathie diabétique. Il permet aux généralistes, orthoptistes et ophtalmologistes de travailler main dans la main.
Perrine Rami, l’orthoptiste membre de la MSP, examine le fond d’œil pour dépister une éventuelle rétinopathie chez une patiente diabétique

Perrine Rami, l’orthoptiste membre de la MSP, examine le fond d’œil pour dépister une éventuelle rétinopathie chez une patiente diabétique
Crédit photo : DR

Ouverte en 2018, la « Maison de Santé Pélissier » à Réalmont dans le Tarn regroupe aujourd'hui dix-huit professionnels de santé dont quatre généralistes, trois infirmiers libéraux, deux infirmiers Asalée, deux psychomotriciens, deux ostéopathes, deux orthoptistes, une sage-femme, une orthophoniste… . À l’origine de ce collectif 100 % libéral, le Dr Margot Bayart, généraliste depuis une trentaine d’années sur la commune. « L’objectif est de créer du lien en offrant aux patients une prise en charge globale avec des praticiens motivés travaillant en concertation. La priorité, c'est l'équipe », explique celle qui est aussi vice-présidente du syndicat des généralistes, MG France.

Pour appliquer ce credo, la MSP s’est appuyée dès le départ sur le principe du protocole « Asalée » (Action de santé libérale en équipe). Il permet aux médecins généralistes en lien direct avec des infirmières au sein de leur cabinet, de mener des actions de prévention et d’éducation thérapeutique, principalement auprès de patients atteints de maladies chroniques.

Depuis quelque temps, l'équipe pluriprofessionnelle a identifié des difficultés d'accès aux soins visuels dans ce territoire rural (6 000 habitants). Au moins trois mois d'attente avant un rendez-vous chez un ophtalmologiste. Pis, beaucoup de ces spécialistes ne prennent plus de patients. C'est pourquoi les membres de la MSP ont décidé de mettre en place un protocole de dépistage de la rétinopathie diabétique dans le cadre d'une coopération entre le généraliste, l'orthoptiste et l'ophtalmologiste.

Partage de l'information

L'idée est que les généralistes et les infirmiers Asalée de la structure repèrent les patients diabétiques qui n'ont pas eu de fond d'œil dans l'année passée et qui n'ont pas été diagnostiqués. Le médecin les adresse ensuite à l'orthoptiste de la MSP pour une rétinographie. Le paramédical réalise l'examen puis établit un compte rendu avec des images et le contexte clinique qui seront envoyés par messagerie sécurisée à l'ophtalmologiste. Le spécialiste doit interpréter le cliché dans les 15 jours et, en fonction des problèmes identifiés, il donne rendez-vous au patient ou le réoriente dans un délai compatible avec la pathologie visuelle.

Le partage de l'information est au cœur de ce travail en équipe. En effet, l'ophtalmo communique les résultats au généraliste par messagerie sécurisée. « L'orthoptiste a accès au dossier médical du généraliste et peut voir l'hémoglobine glyquée, les traitements du patient… », témoigne le Dr Bayart. Il peut aussi avoir accès à l'agenda des spécialistes des yeux pour prendre un rendez-vous. « Le dialogue est facile avec les médecins. S'il y a le moindre doute, on en discute, avec le généraliste et l'ophtalmologiste. Il n'y a pas de hiérarchie. On travaille ensemble », se félicite Perrine Rami, orthoptiste membre de la maison de santé. 

150 dépistages par an

Pour mettre en place ce protocole de dépistage, la MSP a dû créer des liens avec un cabinet d’ophtalmologistes installé à Saix (à 30 km de Réalmont). « Avec les orthoptistes, nous sommes allés rencontrer ces médecins pour avoir leur accord. Ils ont accepté de participer à ce protocole. C'est un gain de temps pour les patients pour lesquels on a du mal à obtenir des rendez-vous dans un délai correct », explique le Dr Bayart.

Ce protocole a été validé avant la crise sanitaire par l'ARS et la caisse primaire d'Assurance-maladie. Depuis, l'équipe a commencé à repérer des patients pour les adresser aux spécialistes. Pour déployer cette démarche de coopération visant à améliorer l'offre de soins ophtalmologiques, la MSP perçoit une aide de 7 000 euros pour l'achat d'équipements (rétinographe, réfracteur..). En contrepartie, elle s'engage à réaliser 150 actes de dépistage par an. « Nous sommes prêts à relever le défi. Les orthoptistes ont dit que c'est un objectif atteignable », se réjouit la généraliste.

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin