« Non, les généralistes ne collent pas les gommettes » : les libéraux indignés par les propos de Véran et de la FHF sur la PDS

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Publié le 10/11/2021

Crédit photo : S.Toubon

En plein bras de fer avec le gouvernement sur l'accès direct aux paramédicaux – une mesure du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2022 - les représentants des libéraux jugent « inacceptables » une petite phrase prononcée mardi 9 novembre au salon Santexpo par Olivier Véran sur la permanence des soins (PDS).

Face à la recrudescence des cas de Covid-19, de bronchiolite et de lits fermés, le ministre de la Santé a en effet appelé les cliniques privées et les médecins libéraux à prendre « toute leur part » dans la PDS « sur la fin de l'année », aux côtés de l'hôpital public qui traverse une « période difficile ». Le ministre a demandé aux agences régionales de santé (ARS) « d'anticiper avec l'Ordre des médecins l'organisation de (cette) permanence sur la fin de l'année » pour les libéraux, ainsi qu'avec les établissements privés, promettant d'y « veiller tout particulièrement, pour que chacun soit mobilisé ».

La veille, dans son discours inaugural, Frédéric Valletoux avait déjà remis une couche. Déplorant que « seuls 39 % des généralistes participent ainsi à la permanence de soins en ambulatoire la nuit et le week-end », le président de la puissante Fédération hospitalière de France (FHF) avait ressorti sa marotte, en proposant de rétablir « l’obligation de participation à la permanence des soins, quelle que soit la modalité d’exercice, dès janvier 2023, avec les moyens appropriés et après discussions avec les acteurs ».

Méconnaissance de la médecine libérale

Pour le président des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel, les propos des deux hommes montrent « une totale méconnaissance » de la médecine générale libérale dans les territoires. « Ces propos laissent penser que les généralistes collent en ce moment les gommettes. Non, ils travaillent beaucoup plus qu'habituellement », dénonce le généraliste de Mayenne. Et de rappeler qu'en plus de leurs consultations, les médecins participent à la vaccination et s'organisent localement pour faire face aux difficultés de l'hôpital public.

« Depuis le 3 juillet, à Laval, où le plus gros service des urgences a dû fermer plusieurs nuits par manque de médecins, nous avons doublé la régulation libérale de 20 heures à 22 heures tous les soirs en raison des pics d'appels », affirme le Dr Duquesnel.

La colère est aussi palpable du côté de MG France. Son président, le Dr Jacques Battistoni, rappelle que « les généralistes sont au rendez-vous de la permanence des soins ambulatoire ». Selon lui, si le taux de 39 % de médecins participant à la PDSA cités par Frédéric Valletoux est exact, « il ne renseigne pas, à lui seul, sur le bon fonctionnement du dispositif », comme l'indique la dernière enquête du CNOM sur l'état des lieux de la PDS en 2020. Ce rapport précise même que ce fonctionnement peut être « très satisfaisant au sein d’un territoire où le taux de participation est faible et inversement ».

« Frédéric Valletoux ferait mieux de balayer devant sa porte et de s'occuper en priorité de l'hôpital public où on sait qu'il y a un problème de recrutement particulièrement dans les services d'urgences », assène le patron du syndicat de généralistes.

Du côté des spécialistes, le président d'Avenir-Spé, le Dr Patrick Gasser, se dit totalement indigné. Le gastroentérologue nantais accuse l'État de ne pas vouloir financer depuis des années les lignes de gardes dans les cliniques privées alors que les spécialistes sont prêts à assurer la permanence des soins dans ces établissements. « Il y en a marre d'entendre ce type de discours, déplore-t-il. On met la responsabilité sur notre dos alors que ce sont eux qui ont toujours refusé d'ouvrir les lignes de gardes et payer les astreintes des médecins. »


Source : lequotidiendumedecin.fr