Baisse du nombre de généralistes libéraux depuis 2012

6 millions de Français en commune sous-dense

Par
Publié le 07/05/2018
Article réservé aux abonnés

Le nombre de médecins continue à croître. Toutes spécialités confondues et tous modes d’exercice, la France recense 226 470 médecins en activité en 2018, soit 10 000 de plus depuis 2012 (+4,5 %) !

Mais cette progression globale, dopée par les spécialistes (+7,8 % depuis 2012) et les praticiens salariés (+11,1 %), cache une stagnation du nombre d'omnipraticiens et même un repli du nombre de généralistes de ville (-2 %). « L’évolution est défavorable pour les généralistes libéraux. Les chiffres montrent plutôt une baisse de l’offre de premier recours », reconnaît le directeur de la DREES, Jean-Marc Aubert.

Il n'y a pas péril en la demeure. En 2016, 98 % des patients accèdent à un généraliste en moins de 10 minutes. Et seuls 0,1 % des Français (52 000 personnes) se trouvent à plus de 20 minutes en voiture du généraliste le plus proche.

Les déserts médicaux sont-ils, dès lors, un mythe ? Non, assure la DREES qui ne nie pas les difficultés dans certaines zones géographiques, comme en témoigne la nouvelle cartographie des communes sous-denses qui s'appuie sur l'indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL). Cet outil tient compte de divers critères (disponibilité du médecin, besoins de la population locale en fonction de l'âge, temps d'accès au cabinet médical).

9 000 communes en tension

Cette cartographie révèle que 10 % des Français (6,6 millions) ont accès à 2,7 consultations ou moins de généraliste par an, ce qui les classe en zone de tension. En prenant en compte le seuil de 2,5 consultations par habitant et par an (faible accessibilité), 5,7 millions de personnes résident dans une commune sous-dotée en généralistes, soit 8,6 % de la population. Au total, 9 142 communes sont en situation de sous-densité – communes rurales périphériques des grands pôles, petites villes hors influence des pôles, mais aussi certains espaces urbains comme Paris ou la banlieue parisienne.

Ces données corroborent les données publiées par l'Ordre. « On retrouve une France avec les zones sous-denses à l'intérieur », analyse le Dr Jean-Marcel Mourgues, président de la section santé publique du CNOM. Pour autant, l'indicateur APL reste insuffisant aux yeux de l'élu ordinal. « Il faut étudier aussi l'offre de second recours, l'offre hospitalière de proximité, les besoins en santé variables selon les territoires. Cela donnerait une approche plus inégalitaire encore (...)», dit-il.

Soutenir les nouveaux et ceux qui restent

Selon les projections, la baisse du nombre de généralistes se poursuivra jusqu'en 2025. Pour passer ce cap, pas question de prôner la coercition, comme l'a rappelé Edouard Philippe, la semaine dernière, dans le Cher. 

Pour le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants), les mesures incitatives ont permis de limiter la casse. Mais d'ici à 2025, « il faudra des réformes structurelles et non des mesurettes ». Le médecin réclame l'inclusion des remplaçants dans la convention pour sécuriser leur exercice et une évolution du contrat de praticien territorial de médecine générale (PTMG) pour le rendre plus attractif. «

« Avec le départ à la retraite des médecins, ceux qui restent ont des conditions d'exercice plus difficiles, souligne le Dr Luc Duquesnel, chef de file des généralistes CSMF. Il faut les améliorer en intégrant par exemple le samedi matin dans la permanence des soins ». MG France mise sur le développement des fonctions support et l'évaluation des initiatives territoriales pour mener « une action cohérente et coordonnée ».  

 

Loan Tranthimy
En complément

Source : Le Quotidien du médecin: 9663