Agnès Buzyn aux médecins : « Vous êtes incontournables, la mutation aussi »

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Publié le 19/10/2017
Buzyn

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Crédit photo : S. Toubon

« La ministre de la Santé a un regard partagé avec les professionnels de santé… mais nous attendons des actes concrets. » Le Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre national des médecins, réuni en congrès à Paris, a salué ce jeudi le (long) discours de la ministre de la Santé, mais sans délivrer de chèque en blanc au gouvernement.  

Après un quinquennat de tensions politiques, l'Ordre trouve en Agnès Buzyn une alliée « qui porte enfin une analyse nouvelle fondée sur les territoires, la proximité et la coordination, loin de l'hypercentralisation et des carcans administratifs », a salué le président du CNOM. 

Pas du colmatage

Face à la ministre de la Santé, le Dr Bouet a toutefois insisté sur l'urgence de la situation. « Seule une véritable réforme du système de santé adaptée aux évolutions de la société (vieillissement, maladies chroniques…), sans se contenter de colmater, pourra apporter des réponses fortes à la souffrance des médecins », a-t-il rappelé. 

Agnès Buzyn est restée ferme sur la méthode. Pour que le système de santé retrouve son rang, sa réforme est nécessaire. La transformation passe par la stratégie nationale de santé (SNS), qui se déclinera dès 2018 dans les territoires. Cette stratégie fixée pour cinq ans comporte quatre priorités : la prévention et la promotion de la santé tout au long de la vie et dans tous les milieux ; la lutte contre les inégalités sociales et territoriales de santé ; la pertinence et la qualité des soins ; et l'innovation dont la télémédecine et les objets connectés.

Les médecins et les vaccins

Aux yeux de la ministre, les médecins seront les « ambassadeurs de la prévention ». Mais « pour assurer une couverture vaccinale efficace, par exemple, le médecin se doit de se faire vacciner, en particulier pour la grippe. À peine 1 professionnel de la santé sur 4 se fait vacciner », a-t-elle déploré. 

Agnès Buzyn a également souligné la nécessité d'un parcours de soins plus « lisible » aux usagers. À cet égard, plutôt que des regroupements professionnels de grande taille, elle appelle de ses vœux « des stratégies de territoire où les acteurs coopèrent ». Véritable boîte à outils, le plan ministériel contre les déserts médicaux s'est largement inspiré de propositions de l'Ordre en particulier sur l'exercice multisite des médecins libéraux ou l'extension du statut de médecin assistant aux zones sous-dotées, a-t-elle rappelé.  

Devant les quelque 800 conseillers ordinaux rassemblés au congrès, Agnès Buzyn a prévenu : la profession devra relever des défis majeurs dont l'utilisation du numérique, le partage de l'information, l'adaptation des pratiques, la qualité du suivi des patients chroniques ou la recertification des compétences. Des changements également défendus par l'institution ordinale...

De son côté, la ministre assure avoir « parfaitement à l'esprit » les inquiétudes exprimées par le corps médical à propos de la sécurité, de la qualité de vie au travail ou encore de l'accès partiel de professionnels ressortissants de l'Union européenne. « Les médecins sont les acteurs incontournables », a-t-elle conclu... mais la réforme, elle aussi, est incontournable.

Loan Tranthimy

Source : lequotidiendumedecin.fr