Appels d'urgence : SOS médecins balaie l'idée d'un numéro unique, civil et médical, au profit d'un « numéro commun de santé »

Par
Publié le 20/05/2021

Crédit photo : Phanie

La proposition de loi du député Fabien Matras (LREM) du Var a fait vivement réagir SOS médecins. Ce texte qui prévoit d'expérimenter un « numéro unique d'appel » d'urgence pour la police (17), les pompiers (18) et le SAMU (15) ouvre une nouvelle fois la porte à une querelle aussi « absurde » que « vaine », souligne SOS médecins. « Vaine » car « qui peut espérer construire un système efficace en plaçant le secours médical sous la coupe de la sécurité civile, ou inversement d'ailleurs ? Cela serait ignorer les systèmes en place, les relations humaines, et l'histoire des organisations. Ça ne peut qu'échouer », écrit la fédération. « Absurde » car la question ne devrait pas être « Qui dirige qui ? », mais « Comment répondre mieux aux patients dans les situations d'urgence ? », ajoute-t-elle. En clair, l'idée d'une file d'attente mélangeant la femme enceinte qui s’alarme d'un symptôme inattendu, les parents alertés par la fièvre de leur enfant ou encore la famille victime d’un cambriolage ou d'un incendie n'est pas une « bonne idée » pour SOS médecins.

Fragiliser la régulation médicale

Contacté par « Le Quotidien », le président de la fédération SOS, le Dr Jean-Christophe Masseron estime que la PPL Matras est « un peu dangereuse car il y a une dispersion, une perte de temps alors que les patients ont besoin d'une réponse santé ». « Le fait d'agréger tous les numéros sous un seul unique numéro avec un lieu de décrochage risque de mettre à mal la régulation médicale pratiquée aujourd'hui. On pense que cela va diminuer la qualité de réponse », affirme le médecin.

Pis, alors que le service d'accès aux soins (SAS) est testé dans 22 sites pilotes, avec la participation de SOS médecins, l'expérimentation prônée par la PPL du député Matras risque de « tout percuter et mettre la pagaille générale ».

Le Dr Masseron se dit, en revanche, favorable à un « numéro commun santé », « que cela soit le 15 ou 113, peu importe ». L'important est de maintenir l'interconnexion avec SOS médecins – qui fonctionne aujourd'hui avec le 15. Un numéro unique de santé, le 113, intégrant les appels d'urgence et ceux relevant des soins non programmés avait déjà été proposé en 2019 par le député LREM Thomas Mesnier et le Pr Pierre Carli, patron du SAMU de Paris. Mais cette solution clivante avait été rejetée lors du débat parlementaire sur la loi Rist, en raison du tollé des libéraux qui redoutaient la mainmise de l'administration hospitalière sur toute la chaîne des appels urgents et non programmés.

Pour l'heure, le président de la fédération se dit vigilant quant au déploiement du SAS. « Il est important que nous soyons associés à la régulation.» Et force est de constater que « sur les plateformes expérimentales, la présence des médecins SOS est intégrée », reconnait-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr