En 2016, la CSMF a dit non, plutôt trois qu'une : non à la loi de santé massivement rejetée par la profession, non à l'extension subie du tiers payant et non finalement à la nouvelle convention médicale paraphée fin août par MG France, Le BLOC et la FMF.
C'est un syndicat résolument dans l'opposition aux réformes en cours et désormais « en dehors » du système conventionnel qui s'apprête à rassembler pendant trois jours, sur la presqu'île de Giens, des cadres éprouvés et tiraillés.
Le marathon des négociations n'a pas été un fleuve tranquille. Centrale polycatégorielle à l'ADN conventionniste, la CSMF s'est beaucoup investie sur le fond des dossiers pendant six mois. Elle a inspiré plusieurs mesures nouvelles – dont le schéma des consultations à quatre niveaux –, a bataillé jusqu'au bout (sur le C2, pour les « verticalités » oubliées…) avant de rejeter nettement le texte en assemblée générale, à 63 % des voix. Pour la première fois depuis 1997 et les années post-plan Juppé, la convention s'appliquera sans la signature et l'accompagnement de la CSMF.
Dans les pas de Maffioli…
L'affaire n'allait pas de soi. Si la branche généraliste (UNOF) était très majoritairement favorable à la signature (78 % des voix), les spécialistes confédérés (UMESPE) sont restés vent debout contre l'accord, à plus de 95 % « La CSMF a clairement refusé de signer, collectivement, recadre le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF et garant de l'unité de la maison mère. Comme à l'époque de Claude Maffioli, mon maître à penser, nous avons su dire "non" quand il le fallait parce qu'il le fallait. »
Nul doute que l'université d'été sera l'occasion d'un vaste brainstorming. « Pour beaucoup de nos cadres très impliqués dans la vie conventionnelle locale, la position de refus la CSMF a été une surprise, confie le Dr Luc Duquesnel, patron des généralistes de l'UNOF. Même si le texte était insuffisant, il y a de la part des médecins une volonté de comprendre et un besoin d'explication claire ». Le patron de l'UMESPE, le Dr Patrick Gasser, assume le refus net des spécialistes : « La CNAM a dénaturé la réforme des consultations, a laissé de côté des spécialités entières, a cassé le parcours de soins en déconnectant le C du C2 et a instauré une politique de revenus… La défiance était trop forte ». Attendu à Giens, le directeur de la CNAM Nicolas Revel aura l'occasion de mettre les points sur les i.
Mattei mais pas Touraine
Pour la Conf', qui pense déjà au coup d'après, la stratégie est de de se rendre à nouveau incontournable pour les futures batailles, en commençant par 2017. La CSMF va affiner son projet de « New Deal » et passera tous les candidats à l'Élysée au banc d'essai. « Grâce à nous, le dossier de la médecine libérale n'est pas clos, il reviendra dès l'an prochain », souligne le Dr Ortiz.
Vitrine de la vie confédérale, l'Université d'été sera plus que jamais un week-end de débats prospectifs. Le fil rouge retenu cette année est le thème de l'expertise médicale, avec des conférences sur l'intelligence artificielle, l'ubérisation de la santé, la révolution technologique et l'hyperspécialisation, le secret médical ou l'open data…
Si Marisol Touraine, en déplacement au Japon, ne viendra pas s'expliquer devant les troupes hostiles de la CSMF, l'ex-ministre de la Santé Jean-François Mattei, membre de l'Institut de France, sera lui bien présent pour un exposé de clôture sur la « grandeur et les servitudes » de la médecine… Une autre façon pour la CSMF de prendre de la hauteur avant de repartir au combat.
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