Autonomie d'exercice, accès direct : l'Ordre des infirmiers pousse ses pions et fustige « le corporatisme médical »

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Publié le 17/02/2022
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Crédit photo : PHANIE

Après la Fédération nationale des infirmiers (FNI), c'est au tour de l'Ordre national des infirmiers (ONI) de monter au créneau pour accroître les prérogatives des quelque 750 000 infirmières du pays. S'appuyant sur les attentes de la profession, recueillies lors d'une consultation menée en janvier, l'instance publié 66 propositions « pour un système de santé plus proche, plus efficient et plus durable », dans la perspective de la présidentielle.

L'évolution du métier infirmier y figure en bonne place. L'Ordre propose de « conférer une véritable autonomie aux infirmiers et d'accéder aux demandes de la profession en matière de prévention, de prescriptions et de consultation ». Son président, Patrick Chamboredon, fait valoir que 73 % des infirmiers sondés estiment que la prescription médicale exigée est parfois un frein à l'accès aux soins. « On a par exemple un champ d'intervention concernant la douleur mais on n'a pas le droit de prescrire les antidouleurs de premier palier. Il faut attendre la prescription médicale », illustre le président de l'Ordre, joint ce mercredi par « Le Quotidien ».

Pas de guerre entre profession

Pour accroître l'offre de soins, l'instance propose aussi de développer l'accès direct aux infirmiers « d’autant qu’en France, il n’existe pas de désert infirmier ». « Les infirmières sont bridées par l’absence d’accessibilité en premier recours, cela freine la prise en charge alors que les Idel sont présentes sept jours sur sept dans les territoires », souligne Patrick Chamboredon.

Interrogé sur les réticences des médecins, le responsable ordinal assure qu'il ne souhaite pas « de guerre entre professions ». « On ne parle pas de diagnostic médical, recadre-t-il. Mais aujourd'hui, il y a urgence. Plus de six millions de patients n'ont pas de médecin traitant. Nous demandons de nous entendre pour faciliter l'accès direct aux infirmiers de proximité pour un certain nombre de pathologies et dans certains territoires déficitaires. Faut-il encore attendre dix ans ? Il faut arrêter le corporatisme médical. »

Montée des compétences

Autre chantier prioritaire : la progression dans la carrière professionnelle. 85 % des infirmiers sondés estiment qu'il faut mettre en place un parcours de carrière pour la profession, quelle que soit leur pratique et leur ancienneté. Elles sont 84 % à vouloir un élargissement du champ d’exercice des compétences.

En réponse à ces attentes, l’Oni plaide pour une « véritable » filière licence/master/doctorat (LMD) en soins infirmiers. Il convient aussi d'examiner dans les 100 jours suivant les législatives un projet de loi relatif à l'évolution de la profession. Annoncée en janvier par Olivier Véran, la réforme du décret de compétences devrait faire bouger les lignes. « Ce serait bien pour la rentrée de septembre, conclut Patrick Chamboredon. Mais le contexte politique est compliqué pour publier un tel décret rapidement. »


Source : lequotidiendumedecin.fr