Avec leur « carte dévitalisée », les anti-loi Touraine cherchent à fédérer

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Publié le 27/11/2017
fausse vitale

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Crédit photo : S. Toubon

Huit mois après le lancement de l'opération « carte dévitalisée » – contre la loi de santé de Marisol Touraine – une dizaine d'associations d'usagers (Familles de France), de mutuelles (ADPM), de syndicats de médecins (FMF, Le BLOC, UFML, association régionale des médecins vasculaires de l'ouest parisien) ou encore de dentistes (cellules de coordination des dentistes libéraux) affichent leur intention de passer à la vitesse supérieure en faisant des propositions pour « revitaliser » le système de santé.

À l'occasion d'une conférence organisée samedi par Familles de France et l'opération « carte dévitalisée », à Paris, plusieurs intervenants ont présenté leurs revendications et tenté d'établir des points de convergence. Objectif : élaborer une feuille de route commune à présenter aux parlementaires et au ministère de la Santé.

Globalement, les acteurs de ce mouvement qui se dit « citoyen et apolitique » ont deux bêtes noires : l'accord national interprofessionnel (ANI, qui rend obligatoire l'adhésion à une complémentaire santé en entreprise) et surtout la loi de santé, accusée de tous les maux – fin de la liberté de choix du médecin, disparition de la permanence des soins, violation du secret médical, déremboursements, etc.

« Nous avons distribué 85 000 cartes dévitalisées, explique le Dr Jean-François Damour, angiologue, membre de la chambre syndicale des médecins du Val-d'Oise (CSMVO). L'enjeu était de sensibiliser les patients aux dérives de la loi de santé. Désormais, nous allons travailler ensemble afin de présenter des réformes à mettre en œuvre. »

Trois « valeurs » guideront ainsi la réflexion de trois commissions (usagers, professionnels et complémentaires santé) : « la qualité des soins pour tous et partout, la liberté de choix des praticiens et les soins préventifs plutôt que curatifs ».

L'association Familles de France propose la création d'un « fonds spécial pour l'accès aux soins des familles, à expérimenter dans certaines caisses primaires d'assurance-maladie », une revalorisation des cotations tarifaires « pour éviter que les usagers soient pris en otage par les dépassements d'honoraires » et une réforme « structurelle » de notre système de santé.

Revendications disparates

Les médecins libéraux de la FMF, de l'UFML et du BLOC sont « partenaires » de l'opération ainsi que la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), absente de la conférence).

Si tous les intervenants s'accordent à dénoncer les freins à l'accès aux soins, les revendications restent disparates. Le Dr Jean-Paul Hamon (FMF) cible les franchises. « Le gouvernement a reculé sur le tiers payant généralisé car cela revenait à révéler les 800 millions d'euros de franchises qu'il va piquer directement sur votre compte, manœuvre invisible jusque-là », a jeté le généraliste à la trentaine de patients présents dans la salle.

Le Dr Philippe Cuq (Le BLOC) a axé son propos sur la réforme des contrats responsables et le « blocage des compléments d'honoraires à 100 % du tarif Sécu » depuis 2017 (pour les médecins non-signataires du contrat d'accès aux soins) ainsi que sur l'« apparition des surcomplémentaires ». Les deux médecins ont épinglé les « huit milliards d'euros de frais de gestion sur les 35 milliards d'euros de cotisations » que les complémentaires santé se seraient « mis dans la poche » en 2016. 

Entre « effondrement du système de santé » et lendemains « catastrophiques » de la médecine générale, c'est un avenir plutôt sombre qu'a dépeint le Dr Jérôme Marty, patron de l'UFML. Il appelle de ses vœux la création d'une « démographie sanitaire mature » pour éviter d'en arriver à cette situation. 


Source : lequotidiendumedecin.fr