Ces confrères qui ont choisi l'étranger

Dr Myriam L., pour cette généraliste la Suisse est un eldorado

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Publié le 30/07/2018
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Crédit photo : DR

Des raisons de santé ont obligé le Dr Myriam L. à reconsidérer l’intense activité médicale de son cabinet situé à Castres. À la nécessité de réduire ses consultations, s’est ajoutée celle du maintien du pouvoir d’achat de la famille. L’exil médical s’est imposé comme seule planche de salut. Depuis un an, le couple et leurs enfants ont quitté la France pour la Suisse.

Née en Algérie, en 1969, d’une mère française et d’un père algérien, la jeune femme fait toutes ses études de médecine à Paris à La Pitié-Salpêtrière.

Voilà trois ans déjà que l’idée d’un départ occupait l'esprit de cette médecin généraliste, mère de trois enfants. « J’y songeais car les charges de l’URSSAF et des cotisations retraites ont considérablement augmenté à cette époque. Il aurait fallu que je fasse encore plus de consultations afin de réussir à les payer, alors que je voyais déjà entre 40 et 50 patients par jour, c’était un cercle vicieux. »

Un choix cornélien

Afin d’absorber le temps dévolu aux tâches administratives, toujours plus nombreuses, le médecin doit réduire son temps de consultation pour en augmenter le nombre. Très attaché à sa patientèle et à l’idée d’une médecine de qualité, l'omnipraticien a du mal à s’y résoudre. « Tous les soirs, entre la paperasse comptable, les questionnaires administratifs et la nécessité de prendre du temps avec les patients qui en ont besoin, tout cela était devenu ingérable. Je ressentais la frustration de ne plus faire de la vraie médecine. Sans compter le maintien de mon niveau de vie et la gestion des études supérieures de mes deux aînés. »

Lourdeurs administratives de plus en plus mal vécues, insatisfaction croissante… Finalement, c'est un souci de santé qui déclenche la décision. Pas le choix : « En raison d’un problème cardiaque, je devais absolument ralentir le rythme. »

De prime abord, le généraliste envisage un départ pour l'Angleterre mais le Brexit remet ce choix en question et c'est pour la Suisse qu'elle se décide finalement. Chez nos voisins helvètes, l'application de « la clause de besoin » engage tout médecin candidat à l'émigration, à trouver un poste à pourvoir déjà existant : « J'ai répondu à une annonce émanant de la Société vaudoise des médecins pour le planning familial ainsi qu’à quelques autres et, du coup, j’ai eu le choix entre trois postes. Les avantages varient d’un employeur à l’autre. »

Une autre image du médecin

Le système médical suisse offrant plusieurs modes de rémunération, paiement à l'acte, salariat ou capitation — le Dr Myriam L. occupe un poste de salarié à hauteur de 90 % de son activité et effectue des vacations payées en tant que médecin libéral pour le reste. Un mode de rémunération plus avantageux qu'en France. Le médecin a multiplié par 2 et demi son salaire et réduit son volume de travail. « Les journées en libéral se terminent aux alentours de 17 heures et en groupement médical, au sein du planning familial, je termine un soir par semaine à 19h ! »

Et le médecin expatrié a découvert dans son pays d'accueil, le soutien des assistants médicaux, intermédiaires entre le soin infirmier et le secrétariat. « Cette personne prend en charge aussi bien l'administratif que les premiers soins, telle la prise de sang. Tout le côté chronophage administratif de l'exercice médical lui est transféré. J'ai à nouveau le sentiment de faire une médecine de qualité. »

Le Dr Myriam L. met aussi en avant la grande qualité de la formation médicale organisée chaque année par des groupements d’hôpitaux et par les sociétés cantonales de médecins. Elle est obligatoire et permet de conserver l'équivalence de son diplôme. Avec une aura du médecin qui reste intacte, à l'inverse de la France où, « les médecins sont dénigrés par les médias et par la CPAM. Je vivais très mal cette agressivité », confie désormais Myriam L. À l'en croire, son expérience suisse est donc une totale réussite. Son seul petit regret est le « carpe diem » bien français ! Car si l'organisation comporte bien des avantages, l'impromptu n'est pas de mise en Helvétie !


Source : lequotidiendumedecin.fr