Face à la pénurie de gynécologues médicaux, généralistes et sages-femmes soulignent leur propre rôle central

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Publié le 03/01/2018
Consultation Gynéco

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Crédit photo : Phanie

À la suite d'une enquête publiée dans « le Monde » du 28 décembre, qui pointait à la fois la pénurie de gynécologues médicaux – avec une chute de 40 % des effectifs en dix ans – et le poids des dépassements d'honoraires dans cette spécialité, médecins généralistes et sages-femmes ont mis en avant leur rôle central de premier recours dans la prise en charge de la santé des femmes. 

Alors que l'enquête de notre confrère illustre la quasi-disparition de la gynécologie médicale libérale dans certaines villes, notamment en banlieue parisienne, et la « grande galère » des femmes, MG France fait valoir que « les médecins généralistes réalisent aujourd'hui la majeure partie des actes de soins apportés aux femmes notamment en matière de gynécologie et de prévention ». Parmi ces actes « courants » auxquels sont formés les médecins de famille, le syndicat de généralistes cite « les prescriptions de contraception, de mammographies, la réalisation de frottis cervico-utérins », qui constituent une « part importante de leur activité ».

MG France précise que près de 90 % des médecins généralistes assurent « tout ou partie du suivi gynécologique » de leurs patientes et sont très attachés à ce volet de leur activité, selon un sondage réalisé par l'Union régionale des médecins libéraux (URML) de Normandie. Le syndicat ajoute que « 95 % des médecins généralistes exercent sans pratiquer de dépassements d'honoraires », alors que pour l'ensemble de la France seuls 38,5 % des gynécologues pratiquent les tarifs Sécu, selon les statistiques compilées par « le Monde ». 

Travail collectif

Les sages-femmes libérales sont également montées au front pour défendre leur périmètre d'activité. « Combien de femmes savent que les sages-femmes sont des professionnelles de santé compétentes prenant en charge le suivi de grossesse, mais aussi le suivi gynécologique et la contraception ? », se demande ainsi l'Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL), précisant qu'en cas de pathologie, elles réadressent les patientes à leurs confrères généralistes ou spécialistes.

Cette approche interprofessionnelle fait écho à celle du Syndicat des internes en médecine générale (ISNAR-IMG) et de l'Association nationale des étudiants sages-femmes, qui appellent à une articulation de la prise en charge des femmes entre les professionnels de premier recours – sages-femmes et généralistes – et ceux de second recours, les gynécologues médicaux. « Malgré une pluralité de professionnels compétents dans le suivi des femmes, trop peu d’entre elles bénéficient d’une prise en charge régulière et d’une information éclairée (...) au-delà des éternels clichés se rattachant à ces professions », regrettent les deux structures.

Compétence et formation

Contacté par « le Quotidien », le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (SYNGOF), souligne de son côté que le partage de l'activité de suivi gynécologique (entre différentes professions) ne règle pas le problème de fond, démographique. « C'est une question de volonté politique, il faut former davantage de gynécologues médicaux, or, en 2017, il y avait 67 postes ouverts à l'internat et 70 en 2016 ! », indique le Dr de Rochambeau.

Il précise que si les sages-femmes et les généralistes peuvent réaliser certains actes, ils n'ont « ni les compétences ni la formation » pour prendre en charge des problèmes plus graves comme l'infertilité ou les grossesses à risque. « Le suivi gynécologique des femmes ne se limite pas à une contraception ou un frottis, relève-t-il. Arrêtons de leur faire croire que leur prise en charge sera la même si la gynécologie médicale continue de disparaître », s'alarme le président du SYNGOF. Selon ce même leader syndical, de plus en plus de patientes se présentent aujourd'hui dans son cabinet avec des pathologies déjà avancées, faute de pouvoir consulter un spécialiste dans des délais raisonnables. 


Source : lequotidiendumedecin.fr