Courrier des lecteurs

La féminisation de la profession… n’aggrave rien du tout

Publié le 30/03/2017
Article réservé aux abonnés

En tant que jeune interne en médecine générale, j’ai été profondément choquée par les propos du Dr Do Anh-Tai rapportés dans « le Quotidien du Médecin » du lundi 13 février 2017, à propos des maisons de santé (« L’offre de soins face aux lubies des élus locaux », page 4).

Ce médecin généraliste de Bellême explique, à propos de la désertification médicale que « la féminisation de la profession aggrave le tableau : sans situation ici, les maris ne peuvent pas suivre leurs épouses médecins ». Le sous-entendu, très dix-neuvième siècle, est évident : les conjointEs des médecins, elles, peuvent tout à fait s’arrêter de travailler pour suivre monsieur dans un lieu où elles ne trouveront pas d’emploi.

Pour rappel à M. Do Anh-Tai : en 2016 en France, hommes et femmes travaillent ; les nombreuses études sur le sujet ont prouvé que la féminisation de la profession n’aggrave rien du tout, qu’elle ne joue pas sur la démographie médicale : aujourd’hui les jeunes médecins quel que soit leur sexe aspirent à plus de temps libre pour leur famille.
Et les épouses sans situation en campagne ne suivront pas non plus leurs maris médecins !

De tels propos ne donnent qu’une envie, fuir à toutes jambes les praticiens qui les tiennent ; s’installer en groupe, oui, mais pas avec n’importe qui. Avec ce genre de personnes la moyenne d’âge dans les déserts médicaux risque de rester longtemps aussi élevée qu’actuellement (rappelons que 60 % des jeunes généralistes sont des femmes).

Quant au « Quotidien », honte à lui de publier ce genre de propos sans même un commentaire, comme si cela allait de soi. Je constate navrée que l’auteur de l’article est lui aussi un homme.

Aude Bouf, Paris (75)

Source : Le Quotidien du médecin: 9568