Placé bien malgré lui sous l’œil inquiet de la profession tout entière, le généraliste à qui la Cour de cassation reproche d’avoir soigné au-delà de ses compétences se trouve presque dans un piège kafkaïen. Car selon lui, au moment des faits, rien ne lui permettait de savoir, précisément, qu’il dépassait son domaine de compétence. « Pour moi, il n’y avait pas de doute, c’était une fracture du cubitus, explique-t-il au « Quotidien ». Je n’ai pas senti le besoin de consulter le chirurgien orthopédique, car on ne consulte pas pour chaque fracture. J’ai donc commandé une radio et décidé de plâtrer l’enfant, plâtre qui a été réalisé selon les règles de l’art d’après l’expert [en cour d’appel, NDLR]. Ce n’est qu’en enlevant le plâtre, plusieurs semaines après, que nous avons découvert l’ampleur de la fracture, et envoyé l’enfant dans un service spécialisé. » Selon le généraliste, la fracture n’a pas été immédiate. Elle se serait révélée sous le plâtre. Ou du moins, affirme-t-il, « je ne suis pas le seul à être passé à côté, le radiologue n’a rien vu, le premier expert non plus ».
Dix ans après, ce médecin s’interroge : « Qu’aurais-je dû faire ? Dans ces cas-là, doit-on s’asseoir et attendre que ça passe ? C’est la seule erreur que j’ai commise en 12 ans, et cela peut arriver à n’importe quel médecin ! Si on fait deux points de sutures, et qu’une infection se déclare, on risque le procès ! On ne va plus pouvoir rien faire, alors qu’on nous demande de désengorger les urgences... »
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