Programmes d’éducation thérapeutique ?

Les hommes plus « mauvais élèves » que les femmes

Publié le 09/06/2009
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FACE À l’aggravation des risques de complication des maladies chroniques, l’éducation thérapeutique du patient a bien pris sa place en s’installant comme véritable nécessité dans la prise en charge thérapeutique, notamment des maladies chroniques. Les médecins deviennent alors « éducateurs de soins », comme disent certains. Un rapport en ce sens, militant pour une politique nationale d’éducation thérapeutique, a d’ailleurs été présenté en septembre dernier à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.

Les femmes sont soucieuses de leur santé, mais pas seulement de la leur, elles seraient même le pilier de la santé de la famille (« le Quotidien » du 3 juin). Et donc de « leurs » hommes.

L’écart est-il bien réel entre patients femmes et patients hommes ? « Les femmes sont indéniablement plus préoccupées par leur santé que les hommes, confirme le Dr Emmanuel Ricard, délégué général de la Société française de santé publique. Elles sont donc logiquement plus sensibles aux messages de prévention. Et quand il s’agit de les inclure dans un programme d’éducation thérapeutique, elles sont plus facilement partantes que les hommes. »

Passer par l’épouse.

La HAS (Haute Autorité de santé) a installé un groupe de travail sur le dépistage de l’infection à VIH en France. « Toutes les femmes enceintes ont en consultation prénatale une proposition de dépistage systématique, à la réserve près des fausses couches et des IVG, indique le Pr Laurent Mandelbrot, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Louis Mourier à Colombes et membre de ce groupe de travail. Depuis 1993, cela fait partie des examens de routine. » La grossesse et plus généralement la période d’activité génitale offre en effet une belle occasion aux soignants de dépister les femmes.

Parmi les personnes qui seraient infectées par le virus du sida, mais sans en avoir connaissance, les hommes sembleraient majoritaires. Il serait donc intéressant de trouver le ou les moyens de les y sensibiliser. « Passer par l’épouse serait sûrement efficace, par une campagne grand public également », suggère le Pr Mandelbrot.

Des recommandations de ce groupe de travail surgiront peut-être des idées pour « capter » de nouveaux candidats hommes au dépistage. Il apparaîtrait pertinent de se pencher sur des stratégies spécifiques visant les hommes, non seulement pour les dépistages mais plus largement, pour les sensibiliser à leur santé, et notamment aux programmes d’éducation thérapeutique.

Le chantier est ouvert.

AUDREY BUSSIÈRE

Source : lequotidiendumedecin.fr