Comment trouver la perle rare en ville ou à l'hôpital ?

Les sables mouvants du recrutement médical

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Publié le 09/03/2017
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Crédit photo : PHANIE

Village recherche médecin, établissement recrute praticien, tous deux désespérément, et ce depuis longtemps. 

À l'hôpital, l'accélération de la pénurie médicale et des départs fait craindre le pire pour les spécialités en tension, comme les urgences, l'anesthésie et l'imagerie. Dans un contexte budgétaire contraint, même les petites cliniques font face à des difficultés de recrutement. Parallèlement, la jeune génération boude l'exercice libéral, ou retarde au maximum son installation, privant de successeurs nombre de médecins en fin de carrière.   

Si le phénomène de désertification médicale n'est pas nouveau, il connaît un écho particulier avec la campagne présidentielle. Tandis que les candidats à l'Élysée tentent, entre incitation et coercition, de trouver des solutions prêtes à l'emploi – jusqu'au recrutement de milliers de praticiens fonctionnaires... – les acteurs de terrain doivent composer avec l'offre éparse de cabinets de recrutements.

Pool de praticiens remplaçants

Sur la vingtaine de sociétés identifiées par le « Quotidien », seules quelques rares agences ont répondu à nos questions. Le sujet est sensible. En ville, les nombreux récits d'implantations ratées de médecins ont détérioré l'image du secteur. À l'hôpital, l'intérim, très lucratif, a pris le pas sur le recrutement permanent, fragilisant les finances des établissements et déstabilisant les équipes en place. En cas de litige, les dédommagements sont rares, faute de cadre réglementaire strict, ce que regrette l'Ordre (lire page 3).

Les pouvoirs publics ne restent pas les bras croisés. Lancé en 2012 par Marisol Touraine, le pacte territoire-santé pour lutter contre les déserts médicaux en ville s'est concrétisé par plusieurs dispositifs incitatifs (contrats d'engagement de service public, praticiens territoriaux de médecine générale), la multiplication des structures d'exercice regroupé (800 maisons et 700 centres médicaux et polyvalents) et de nouvelles pratiques controversées (consultations hospitalières avancées). Négociée récemment, la nouvelle protection maternité pour les femmes médecins libérales est un autre geste pour ne pas décourager les installations en ville. 

À l'hôpital, 250 millions d'euros sont prévus dans le cadre du plan sur l'attractivité des carrières médicales. La loi de santé prévoit la création d'un « pool » de praticiens hospitaliers remplaçants. Un décret instaurant un montant plafond journalier de rémunération en intérim (inférieur à celle d'un PH) est en préparation. Pour le Dr Olivier Véran, auteur d'un rapport sur l'intérim, « il faut traiter le mal par la racine, le problème ne va pas en se réduisant ». 

A.B.-I.

Source : Le Quotidien du médecin: 9562