Le récent rapport sur les maisons et pôles de santé remis au gouvernement par le sénateur Jean-Marc Juilhard, Bérengère Crochemore, Annick Touba et le Pr Guy Vallancien s’est attaché à présenter à la fois un bilan de l’existant et des propositions pour leur déploiement.
Assurant que le dispositif de médecine de premier recours est « à bout de souffle », les auteurs ont développé des propositions pour favoriser le développement de ces structures, souvent présentées comme les seules capables de redonner aux jeunes générations le goût de la médecine générale, les seules aussi en mesure de pallier le déficit démographique dans les zones rurales.
L’intérêt pour le paiement mixte.
C’est ainsi que le rapport préconise la création d’une marque collective « maisons de santé », proposée aux structures qui respectent le cahier des charges, ainsi que la mise en place d’un statut juridique spécifique. Il propose aussi le développement dans ces structures d’un dossier patient unique et partagé entre tous les professionnels de santé, la mise en place de modes de paiement mixtes, forfaitaires et à l’activité, la création d’un fond national pérenne, abondé à partir des différentes enveloppes d’aides existantes, ainsi que la mise en place d’un guichet unique pour les maisons de santé dans chaque ARS. Les auteurs insistent enfin sur la nécessité de faire de ces structures « des terrains de stage privilégiés », et de développer « de manière plus affirmée la filière universitaire de médecine générale ».
Si les syndicats de médecins libéraux ont déjà fait part de leurs commentaires sur ce rapport, jugeant globalement que s’il ne comportait pas d’éléments révolutionnaires, certaines de ses préconisations allaient dans le bon sens, les étudiants en médecine font nettement moins la fine bouche que leurs aînés.
Ils reprennent d’autant volontiers à leur compte les préconisations du rapport qu’ils estiment les avoir largement inspirées. À l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), Marie Peltier, vice-présidente chargée de la démographie médicale, se dit « très heureuse de retrouver dans le rapport plusieurs propositions présentées à la mission interministérielle par l’ANEMF ». Comme le statut juridique des maisons de santé, que l’ANEMF appelle de ses vux car il pourrait permettre aux maisons de santé de concilier exigences économiques et missions de santé publique. Même chose pour les nouveaux modes de rémunération des professionnels de santé, déjà en expérimentation dans plusieurs maisons de santé existantes. Pour Marie Peltier, il n’est pas possible de rémunérer à l’acte des missions de santé publique comme l’éducation thérapeutique du patient; une forfaitisation de ces missions lui paraît donc indispensable. Mais pour les carabins, la mesure phare du rapport est le projet de faire de ces maisons de santé un lieu privilégié de formation. « On ne pourra donner le goût aux étudiants d’exercer dans ce type de structure s’ils n’y ont au moins déjà effectué un stage », résume-t-elle. De façon plus générale, l’ANEMF n’est en opposition avec aucune recommandation du rapport, même si « certaines sont plus éloignées des préoccupations des étudiants que d’autres ».
L’ossature du projet de santé.
Même tonalité à l’ISNAR-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale), dont le président Bastien Balouet juge que « presque tout dans ce rapport vient de nos propositions ». Il se dit très satisfait de ce document dont la mesure phare reste selon lui l’élaboration du projet de santé, préalable indispensable pour coller au cahier des charges national de ces structures. « Le projet de santé, estime Bastien Balouet, cela paraît galvaudé, mais nous savons que beaucoup de maisons de santé se sont plantées parce que le projet de santé était bâclé ». Pour l’ISNAR, le projet de santé constitue l’ossature de la maison de santé, et il doit être élaboré en concertation avec les professionnels de santé, les collectivités territoriales, les tutelles (ARS), ainsi qu’avec les associations de patients.
Preuve que les maisons et pôles de santé ont le vent en poupe: à la publication du rapport, pas moins de dix syndicats d’étudiants en professions de santé (*) ont publié un communiqué dans lequel ils se déclarent « heureux de ce rapport qui reprend l’ensemble des points importants évoqués lors de leur audition par la mission. Si l’on souhaite un essor rapide et efficace des maisons de santé, les propositions de la mission doivent rapidement trouver une traduction sur le terrain ».
(*) : Infirmiers, sages-femmes, kinés, ergothérapeutes, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, orthopédistes, étudiants en médecine, internes en médecine générale, internes de spécialités.
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