La Caisse nationale d'Assurance-maladie (CNAM) propose au gouvernement plusieurs pistes afin d'économiser 1,42 milliard d'euros en 2017.
Dans son traditionnel rapport « Charges et produits », qui doit être examiné ce jeudi en interne, et voté dans une semaine, l'Assurance-maladie avance diverses mesures visant à muscler la maîtrise médicalisée des dépenses, promouvoir les génériques, accentuer la prise en charge ambulatoire ou rendre plus efficiente la dépense hospitalière.
S'il est retenu par le gouvernement dans le prochain budget de la Sécurité sociale, ce plan représentera deux fois plus d'économies que l'an dernier dans un contexte marqué par un ONDAM historiquement bas (+1,75 %) en 2017.
• Maîtrise médicalisée, pertinence des soins
Selon ce document dont « le Quotidien » a eu copie, la pertinence et le bon usage des soins (incluant les actions de maîtrise médicalisée) apparaissent comme le poste pouvant procurer le plus d'économies – 750 millions d'euros dont 430 millions sur les seuls médicaments (hypocholestérolémiants, antibiotiques, antidépresseurs, antihypertenseurs, antidiabétiques…) et dispositifs médicaux. « Les volumes de consommation, traditionnellement élevés en France, se sont rapprochés de nos voisins mais le recours aux innovations les plus récentes et les plus chères reste plus fréquent dans notre pays », observe la CNAM, citant les nouveaux antidiabétiques.
L'Assurance-maladie veut poursuivre ses actions pour réduire l'iatrogénie médicamenteuse, responsable de 7 500 décès par an.
Hors baisses de prix, de nouveaux efforts sont attendus sur les biosimilaires (30 millions d'euros) et surtout les génériques (200 millions d'euros) avec un objectif de progression du taux de générique de + 5 points en 2018.
Parmi les postes principaux d'économies, l'Assurance-maladie veut maîtriser les dépenses d'indemnités journalières (à hauteur de 100 millions) reparties à la hausse depuis 2014 en renforçant le contrôle des arrêts longs mais aussi grâce aux fiches repères, qui suggèrent une durée de référence d'arrêt selon les pathologies ou à l'accompagnement des médecins.
La CNAM juge aussi possible de « réduire le nombre de prescriptions de transport non pertinentes » (75 millions). Elle veut favoriser le mode de transport « le moins onéreux compatible avec l'état de santé du patient » grâce notamment à l'extension des plateformes centralisées de commandes auprès des sociétés de taxis, de VSL ou d'ambulance.
De même, l'Assurance-maladie suggère de contenir le recours aux professionnels paramédicaux (40 millions d'euros) ou aux examens de biologie (30 millions).
« Depuis quatre ans, la CNAM réalise en moyenne 500 millions d'euros d'économie de maîtrise médicalisée par an uniquement sur les prescriptions des médecins libéraux », observe l'Assurance-maladie.
• Virage ambulatoire
La CNAM souhaite éviter certains séjours hospitaliers ou réduire leur durée en adoptant des prises en charge plus adéquates (HAD, hôpital de jour). Elle mise sur plusieurs leviers, la chirurgie ambulatoire, le déploiement des programmes d'accompagnement du retour à domicile (PRADO) et la réhabilitation améliorée après la chirurgie (RAAC) pour économiser en tout près de 400 millions d'euros.
L'Assurance-maladie présente par ailleurs plusieurs actions de prévention du tabagisme, et de prévention de la lombalgie, à l'origine de plus de 350 000 arrêts de travail chaque année.
Selon l'Assurance-maladie, il est indispensable de mettre en place une régulation démographique des masseurs kinésithérapeutes libéraux afin d'éviter une « concurrence excessive préjudiciable aux intérêts des professionnels eux-mêmes » et rééquilibrer la réponse aux besoins de la population.
La CNAM attend enfin 100 millions d'euros d'économies en 2017 au titre de l'efficacité accrue de la dépense hospitalière (gestion de la liste en sus).
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique