Moins d'heures de travail, davantage de vacances, meilleur équilibre : heureux qui, comme un généraliste, exerce en groupe…

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Publié le 11/05/2022
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Crédit photo : PHANIE

Ils travaillent moins d'heures par semaine que leurs confrères en solo, prennent davantage de vacances, ont du temps pour d'autres activités parallèles à côté de la clinique au cabinet, et surtout, ils déclarent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Tel est le portrait plutôt enviable des médecins généralistes exerçant en groupe, selon une étude de la Drees, le service statistique du ministère de la Santé, publiée ce mercredi. Un mode d'exercice de groupe devenu au demeurant largement majoritaire puisqu'il concernait, en 2019, 61 % des omnipraticiens libéraux (pour moitié dans le cadre pluriprofessionnel, moitié uniquement entre plusieurs médecins) selon le quatrième Panel d'observation des pratiques et des conditions d'exercice en médecine générale, mis en place par le ministère en 2010, source de cette enquête.

53 heures par semaine, soit deux heures de moins

Cette fois-ci, les trois chercheurs de la Drees sont partis du postulat qu'un bon équilibre de vie est un « facteur clé de choix de carrière, d'installation et de localisation », encore plus pour les jeunes générations. Et ils ont voulu tester, sur ce très vaste échantillon de 3 300 omnipraticiens, l'hypothèse que le travail collectif « peut contribuer à améliorer les conditions de travail » au travers des différentes implications de ce mode d'exercice en groupe.

Le premier effet bénéfique est la réduction moyenne du temps de travail hebdomadaire. Il ressort en effet que les généralistes exerçant seuls déclarent travailler deux heures de plus en moyenne (55,4 heures) que ceux qui sont installés en groupe pluriprofessionnel (53,2 heures) et près de cinq heures de plus que leurs confrères des cabinets médicaux de groupe monodisciplinaire (50,7 heures) !

Toutefois, la corrélation directe n'est qu'apparente car, dans les marges rurales peu attractives ou en zone urbaine défavorisée, les praticiens des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) travaillent, pour le coup, deux à trois heures de plus que la moyenne nationale de leurs confrères. « Ces différences observées entre exercice seul et exercice en groupe pluriprofessionnel semblent davantage associées aux profils spécifiques des médecins qu’aux effets propres des modèles d’exercice », nuancent ainsi les auteurs.

Toujours est-il que les généralistes exerçant en groupe peuvent se permettre (toutes choses égales par ailleurs) de prendre significativement plus de congés que leurs confrères en solo : 0,7 semaine de vacances de plus par an pour ceux qui sont en pluripro et même une semaine complète de bonus en monopro !

Souplesse et variété de l'exercice en groupe

Mais selon cette étude, une autre différence significative réside sans doute dans la souplesse que permet l'exercice collégial en termes de diversification de la pratique. Ainsi dans la population générale, seuls 22 % des généralistes ont des activités secondaires en parallèle à laquelle ils consacrent 8,9 heures en moyenne par semaine. Or, ils sont 28 % des médecins en groupe pluripro et jusqu'à 36 % de ceux exerçant en MSP conventionnée (ACI) à profiter de cette activité diversifiée. Un quart des premiers et deux tiers des seconds sont ainsi engagés dans des projets territoriaux, type communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou équipes des soins primaires (ESP).

Enfin (surtout ?), l'objectif de l'« équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle » est significativement plus souvent atteint chez les médecins de groupe, toujours selon cette enquête. Un résultat que les chercheurs attribuent « essentiellement » à la différence des temps de travail hebdomadaire et de congés annuels. À noter que pour les praticiens des MSP conventionnées (ACI), ce sont les spécificités mêmes de leur exercice – dossiers partagés, temps de coordination dédiés, rémunération additionnelle de la structure, etc. – qui semblent particulièrement « satisfaisantes pour les médecins généralistes et ce, au-delà des conséquences qu’elles peuvent avoir sur les temps de travail ». 


Source : lequotidiendumedecin.fr