Courrier des lecteurs

NS : dans quel monde débile sommes-nous ?

Publié le 26/05/2014
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L’idée de monsieur van Roekhegem de sanctionner des médecins pour une utilisation systématique de la mention NS est d’une extrême gravité ! Le rajout de la mention NS par qui que ce soit en dehors du prescripteur est un faux et c’est du pénal ! Donner le conseil aux patients de la rajouter eux-mêmes est une erreur ; mais laisser le libre choix au patient de la substitution contre tiers payant ou payer l’avance et recevoir la prescription inscrite est autorisé sans réserve. Dans quel monde débile sommes-nous pour que des têtes pensantes imaginent de telles sanctions ? Continuez, monsieur van Roekhegem, les jeunes médecins ont compris vos manœuvres et ne s’installent plus ; les jeunes ingénieurs ou autres intellos quittent ce beau pays d’assistés pour les USA, le brésil, le Canada, l’Australie etc. ; il ne nous restera que les cancres, incapables de mesurer un quai de gare et une rame de train, fiers de supprimer un permis de conduire pour des km/h en trop ou d’empêcher des ados de monter sur des escabeaux à 3 marches pour ramasser des fruits ! Où sont les syndicats censés défendre les intérêts des médecins ? Où est le Conseil de l’Ordre ?

Se posera-t-on enfin les bonnes questions sur le générique ? Et surtout, en accepterons-nous les réponses ? Car de plus en plus de patients demandent l’inscription NS sur leur ordonnance, pourquoi ? Enfin, monsieur van Roekhegem n’aurait pas eu à inventer pareille sanction si le prix du médicament était lié au tarif de responsabilité ! Sommes-nous coupables, nous, médecins ? Qui fixe le prix des princeps, des génériques ? Qui donne l’AMM ? Qui effectue les contrôles ? Nos collègues pharmaciens ont-ils oublié ce que signifie pharmacocinétique, pharmacodynamie, volume de distribution etc. ? Les différences sont là, et ceci explique scientifiquement cela. Le reste n’est qu’affaire de sous, de prime, de ROSP de feu CAPI et de tout ce que vous voudrez. Mais l’expérience scientifique apporte une preuve irréfutable aux arguments des administratifs et des chasseurs de primes.

Désillusion.

Elle va me manquer madame D. Elle est partie petit à petit, petit bout par petit bout : un orteil asphyxié par l’artériopathie oblitérante, puis deux, puis le pied et enfin la jambe, avant que ce qu’il restait d’elle décide de ne pas s’aventurer plus loin, de ne plus s’accrocher à ses multiples maladies qui lui permettaient de se plaindre et de me reprocher, à chaque visite à domicile, d’être incapable de la guérir…

On s’était beaucoup disputé à une époque. Elle n’était jamais d’accord avec ce que je lui disais et elle me répétait depuis plus de 20 ans qu’il fallait que je fasse attention au fait qu’elle était sous anticoagulant : « Je sais… je sais madame D., ça fait dix mille fois que vous me le dites… »

Elle était curieuse et me posait beaucoup de questions personnelles (très) voire intimes (trop). Elle me répétait à l’envi qu’elle n’avait jamais connu d’homme mais que cela ne lui avait pas manqué. C’est peut-être pour cela, qu’à 86 ans passés, elle ne ratait pas une occasion pour me tripoter un peu. Oh, rien de méchant, juste le plat de sa main sur ma hanche gauche quand je lui prenais la tension : « Je ne peux pas lever le bras plus haut à cause de mon épaule trop douloureuse… ça vous ennuie si je la pose sur vous ? » Ça ne m’ennuyait pas.

Quand j’étais gentil avec elle, elle me disait que j’étais mince. Quand j’étais désagréable ou fermé, elle appuyait un peu plus sa main et me lançait : « Vous avez grossi… Non… ? Moi je trouve que vous avez grossi… » Et ça m’agaçait parce que c’était vrai : les vieilles dames ne mentent plus.

La dernière fois que je l’ai vue, elle était chez elle, installée dans la cuisine, tournant le dos à sa coiffeuse qui tentait de redonner quelques reflets violets à sa chevelure argentée.

– Vous voulez qu’on vous fasse une couleur docteur ? me dit-elle, fixant ma chevelure précocement blanchie par les tracasseries du quotidien…

– C’est pas gentil de m’attaquer sur mes cheveux blancs. Qu’est ce qu’il vous arrive ? Je viens vous voir, je suis souriant, agréable, et vous, bille en tête, vous êtes blessante !

– Mais pas du tout me répondit-elle, l’œil brillant, pétillante d’intelligence et trop heureuse d’avoir ferré sa proie ; les femmes adorent les hommes aux cheveux blancs !

Elle se retourna pour interroger sa coiffeuse du regard qui confirma d’un hochement de tête la pertinence et la véracité du propos de sa cliente.

Je pris un air dubitatif, masquant ainsi le léger sentiment de bonheur qui m’assaillait. Ainsi donc, j’étais séduisant ! Un quinquagénaire poivre et sel ; un Georges Clooney hexagonal ; un de Villepin local ; un Lambert Wilson rural ; un Dominique Stauss-Kahn… (non, mauvais exemple). La jeune coiffeuse au regard clair me regardait en souriant. C’était donc vrai : les femmes aiment les hommes grisonnants ! Pourquoi en douter ? Les vieilles dames ne mentent plus.

– Je n’en crois pas un mot ! Les femmes disent cela pour rassurer les hommes vieillissants, répondis-je afin qu’elle me rassurât en réitérant son propos…

– Vous les hommes, finit-elle par avouer, vous ne comprenez rien. Si on aime vos cheveux blancs, c’est que vous avez 50 ans ou un peu plus, et qu’à cet âge-là, en principe, vous avez de l’argent !

Les vieilles dames ne mentent plus…

Espérance de vie et désinformation ?

On nous conditionne à croire que nous allons vivre de plus en plus vieux en se basant sur l’augmentation du nombre de nos octogénaires et centenaires. Mais en 1934, 1914, dates de naissance de ces personnes, la mortalité infantile est importante et ceux qui ont survécu (les plus résistants) n’ont pas été exposés dès leur enfance aux pesticides, à l’amiante, au bisphénol A, aux radiations, aux particules fines, aux conservateurs alimentaires, etc., et ils ont pu bénéficier à l’âge adulte du progrès de la médecine et des médicaments : d’où cette longévité !

Peut-on se baser sur ces mêmes données pour prédire la durée de l’espérance de vie des personnes qui naissent, grandissent et vivent dans l’environnement de pollution des pays industrialisés ? Ne peut-on pas penser que leur espérance de vie risque plutôt de diminuer progressivement ? Bronchiolite du nourrisson, allergies, asthme, diabète, thyroïdite, HTA… sont des maladies de plus en plus courantes dues ou aggravées par les pollutions ? Pour survivre ne serons-nous pas obligés de consommer, de plus en plus tôt, ces médicaments si décriés par les médecins hospitaliers, les politiques et les médias, mais qui font vivre actuellement, hors hôpital, les personnes âgées qui les utilisent ?

Dr Denis Roy Saint-Rambert-d’Albon (26) Dr Stéphane Pertuet Barentin (76) Dr Jean Hvostoff Les Molières (91)

Source : Le Quotidien du Médecin: 9330