Ophtalmologie : trois millions de patients soignés en plus en quatre ans grâce au travail aidé

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Publié le 08/11/2019

Crédit photo : PHANIE

À démographie constante, les ophtalmologistes ont pris en charge 3,1 millions de patients supplémentaires sur les quatre dernières années. C'est ce que révèle la dernière enquête* du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) dévoilée ce vendredi 8 novembre. Ce résultat positif est le fruit d'une sensible progression du travail aidé dans la filière visuelle, 63 % des ophtalmologistes le pratiquant aujourd'hui (contre 55 % en 2018).

« Il y a une efficacité réelle du travail aidé avec le raccourcissement des délais et une augmentation des patients vus, ce qui donne à la France de bons indicateurs par rapport à d'autres pays », se félicite le Dr Thierry Bour, président du SNOF.

Ce mode d'exercice a connu une évolution significative sur la dernière année. 49 % des ophtalmos travaillent avec des orthoptistes en 2019, contre 35 % en 2018. Il faut noter une poussée des orthoptistes libéraux, avec lesquels travaillent 23 % des praticiens en 2019 (contre 17 % l'année précédente). Mais dans plus de la moitié des cas (55 %) les orthoptistes libéraux travaillent au côté de confrères salariés.

Les infirmières travaillent de plus en plus avec les ophtalmos. En 2019, 19 % des médecins travaillent avec infirmières (contre 12 % en 2018). Là encore, dans la majorité des cas (89 %), elles sont accompagnées d'orthoptistes.

Plus marginalement, il arrive aux ophtalmos de travailler avec des opticiens salariés. C'est le cas de 9,8 % des sondés en 2019. C'est 6,4 points de plus que sur l'exercice précédent.

Enfin, l'aide d'« assistants » est en baisse : 1,6 % des cas en 2019 contre 2,6 % en 2018. Par ce terme, le Dr Thierry Bour se réfère aux secrétaires, que « beaucoup d'ophtalmologistes utilisaient pour faire un peu plus que du secrétariat ». Cette tendance baissière est néanmoins amenée à s'inverser avec l'arrivée des assistants médicaux, anticipe le président du SNOF.

Rapporté au secteur d'activité, le travail aidé est plus fréquent pour les praticiens en secteur 2 (70 %) qu'en secteur 1 (49 %). La taille des cabinets a aussi son importance. Dans près de la moitié des cas (48 %), le travail aidé prend place dans des structures composées d'un ou deux ophtalmos.

Zéro délai en 2022

Cette importante progression du travail aidé a permis d'accroître de manière importante l'offre de consultations en France. Avec un nombre à peu près constant d'ophtalmos (entre 4 000 et 4 500) depuis 1980, le nombre d'actes a presque doublé en quinze ans. L'étude montre ainsi que depuis 2015, ces praticiens ont pris en charge 3,1 millions de patients supplémentaires, dont 900 000 sur la seule année 2018.

La délivrance initiale et le renouvellement de lunettes ont dans le même temps sensiblement augmenté. « +63 % pour les montures en 10 ans alors que la population a crû de 9,5 % sur la période », indique le syndicat.

Cette organisation a également permis de faire baisser les délais de rendez-vous, préoccupation majeure du secteur, comme le révélait une précédente étude publiée en juin. Le délai médian d'obtention d'un rendez-vous est aujourd'hui de 43 jours. Le Dr Thierry Bour fixe l'objectif du « zéro délai en 2022 », c’est-à-dire « 24 à 48 heures pour les urgences, une semaine pour les demandes de soins rapides justifiées et deux à trois semaines pour les délais médians de consultation ».

Pour y arriver, l'ophtalmologiste de Metz veut continuer à développer le travail aidé, qu'il estime à « 45 % de son potentiel ». Le SNOF demande la création de 240 postes d'internes supplémentaires par an, le financement de la télémédecine pour le glaucome et le renouvellement de lunettes au-delà de 50 ans ainsi que la rénovation du contrat d'embauche de coopération pour les soins visuels afin de faciliter le recrutement d'orthoptistes. « Nous voulons voir celui-ci aligné sur celui des assistants médicaux, ce qui permettrait de booster l'embauche en secteur I notamment », insiste le patron du SNOF.

*Enquête annuelle par questionnaire inséré dans le bulletin d'adhésion au SNOF, réalisée du 1er janvier au 20 septembre 2019 sur 1 568 ophtalmologistes libéraux en secteur I et II


Source : lequotidiendumedecin.fr