Prescription de l’activité physique

Plus facile à dire qu’à faire

Publié le 26/03/2015
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Il faudrait que l'acte soit coté

Il faudrait que l'acte soit coté
Crédit photo : PHANIE

Pour aider les praticiens à y voir plus clair, les participants au « Forum européen cœur exercice et prévention » se sont, le temps d’une session organisée à l’ombre de la Tour Eiffel, penchés sur la question. Sous la houlette du Pr Alain Cohen-Solal, chef du service de cardiologie de l’hôpital Lariboisière à Paris, ils ont passé en revue les différents freins à la prescription d’une activité physique, et les solutions qui existaient pour aider les patients.

Côté diagnostic, pas de problème : depuis longtemps, les médecins savent que « le mode de vie le plus dangereux est de rester assis immobile et de manger en excès », a rappelé le Dr Fabien Pillard, médecin du sport à l’hôpital Larrey de Toulouse. Les racines du problème ne sont donc pas liées aux connaissances des praticiens. Comme l’a souligné le Dr Christophe Pignier, du laboratoire Pierre Fabre, la difficulté pourrait peut-être se situer du côté de la rémunération : prescrire une activité physique, c’est du temps d’explication et d’accompagnement. Il faudrait donc que ce soit un acte coté. Il faudrait également que le praticien soit bien renseigné sur l’offre d’activité physique disponible, sur les types de pratiques adaptées aux différents types de patients, de manière à pouvoir personnaliser sa prescription, ce qui n’est pas toujours le cas.

Faire venir le sport au patient

Mais, d’après Dr Pignier, il faut également se pencher sur les problèmes d’observance : un médicament prescrit n’est pas toujours pris correctement, il n’y a pas de raison qu’il en aille différemment avec l’activité physique. Il est donc nécessaire d’analyser les raisons invoquées par les patients pour expliquer leur pratique sportive insuffisante. Les études montrent que celles-ci sont principalement liées au manque de temps : la vie professionnelle et la vie familiale leur laissent trop peu de latitude pour se consacrer à une activité physique.

C’est pourquoi prescrire le sport ne suffit pas. Il faut également le faire venir au patient. Benoît Eycken, fondateur du programme de prévention en entreprise « BeWizz », a présenté lors du forum quelques-unes des solutions qu’il propose pour inciter les salariés à bouger davantage. « BeWizz » a par exemple imaginé un jeu collectif où des équipes de travailleurs agrègent le nombre de pas qu’ils font (mesurés par un capteur d’activité physique), et tentent de dépasser l’équipe d’en face.

Reste une question : doit-on avoir peur d’un excès d’activité physique ? Non, répondent en cœur les participants au forum. Celle-ci est toujours positive, pourvu qu’elle soit encadrée. Et le Pr Cohen-Solal d’ajouter, malicieusement : « j’aimerais bien être dans un monde où je passerais mon temps à dire à mes patients d’arrêter l’activité physique parce que c’est dangereux. »

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du Médecin: 9398